Enquête de mobilité sur le Nord-Franche-Comté

(photo Google)

En juillet 2022, le conseil syndical du Syndicat mixte de transport Nord Franche-Comté avait décidé de réaliser une enquête mobilité certifiée par le Cerema à l’échelle du Pôle métropolitain. Aujourd’hui, le prestataire retenu pour réaliser cette enquête a débuté sa mission et le conseil syndical a défini le contenu du questionnaire local, une liste de questions spécifiques à notre territoire.

Une enquête mobilité certifiée par le Cérema, qu’est-ce que c’est ?

Une enquête mobilité certifiée par le Cérema est une enquête dont la méthodologie a été définie et standardisée en 1976 par le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cérema). Cette standardisation permet la comparaison d’indicateurs-phares de la mobilité quotidienne dans le temps (entre plusieurs millésimes de l’enquête) et l’espace (entre différents territoires à l’échelle nationale). L’enquête est réalisée sur la base d’un échantillon de ménages tirés au sort. Dans le Nord Franche-Comté ce sont ainsi 5 700 personnes âgées de 5 ans et plus qui seront interrogées, pour une moitié par téléphone et pour l’autre moitié en face à face. Le Cérema a défini une méthodologie qui repose sur une « enquête-cœur » et des modules
complémentaires optionnels.

L’enquête cœur comprend des questions relevant de 4 catégories : Ménage (caractéristiques relatives au ménage comme le type d’habitat ou l’équipement en véhicules) ; Personnes (caractéristiques sociodémographiques et habitudes de déplacement) ; Déplacements (ensemble des déplacements réalisés la veille du jour de l’enquête) ; Trajets (informations sur le mode de déplacement). Pour la catégorie « Ménage », une seule personne est interrogée pour chaque ménage alors que pour les trois autres catégories, toutes les personnes âgées de 5 ans et plus sont interrogées dans le cadre de l’enquête face à face et une à deux personnes âgées de 5 ans et plus le sont dans le cadre de l’enquête par téléphone, selon la composition du ménage.

Par ailleurs, le Syndicat mixte de transport Nord Franche-Comté a également décidé de mettre en œuvre le module optionnel « week-end » qui permet de réinterroger une partie des personnes qui ont déjà subi l’enquête cœur, pour s’intéresser aux déplacements et trajets du week-end, des déplacements en grande majorité très différents de ceux réalisés en semaine. Enfin, l’enquête intègre également des « questions locales » au choix du territoire, qui peuvent concerner : un élément objectif (ressources financières des ménages et part affectée à la mobilité), le niveau de connaissance d’une offre de service, une perception (ex. : qualité de l’offre de transport en commun), une opinion sur projet d’une collectivité, une perspective (ex. : achat de véhicule, déménagement, …).

Pourquoi faire une enquête aujourd’hui ?

Aujourd’hui, les données relatives aux mobilités sont incomplètes ou obsolètes. Ainsi, les données de l’INSEE ne concernent que les trajets domicile – travail et domicile – école, ce qui représente seulement 1/3 des déplacements effectués par les ménages. En outre, les données de l’INSEE ne permettent pas de qualifier aussi finement les modes de déplacements. Par ailleurs, la précédente enquête, qui avait été conduite par le Syndicat mixte de l’Aire Urbaine (SMAU) date de 2004-2005 alors que depuis le territoire et les mobilités ont connu de nombreuses transformations.

Ainsi, les résultats de la précédente enquête avaient contribué aux réflexions menées par les autorités organisatrices des mobilités (AOM) pour faire évoluer leur offre de service. Le Syndicat mixte des transports en commun du Territoire de Belfort s’est appuyé sur les résultats de l’enquête pour mettre en place les phases 1 et 2 d’Optymo et pour développer l’offre triple play dans le Territoire de Belfort (bus, vélos en libre-service et autopartage). L’agglomération du Pays de Montbéliard s’en est quant à elle servie pour la mise en œuvre du Transport à Haut Niveau de Service (THSN) et le Pays d’Héricourt pour la création de son système de Transport A la Demande (TAD).

En parallèle, l’organisation et le profil démographique du territoire ont également évolué. L’étalement urbain s’est traduit par une dispersion des populations et à une dédensification des centralités, avec comme corollaire, la progression du taux de motorisation des ménages. Dans le même temps, les pôles générateurs de flux se sont reconfigurés : l’espace médian s’est développé avec la création de la gare TGV, de la Jonxion et de l’Hôpital Nord Franche-Comté ; des zones d’activités économiques se sont développées (ex. : Technoland I et II, aéroparc de Fontaine, Guinnottes) pendant que d’autres ont vu leurs effectifs décroître (ex. : site de Stellantis à Sochaux).

Enfin, le vieillissement de la population, le développement du télétravail et l’émergence de nouveaux modes de consommation (livraison à domicile, click and collect, …) ont également eu tendance à faire évoluer les comportements de mobilité.

Quels résultats escomptés ?

Les 5 700 questionnaires collectés seront analysés pour comprendre les mobilités quotidiennes des habitants du Nord Franche-Comté et devront permettre aux collectivités locales de faire évoluer leurs politiques publiques. Prioritairement, les résultats de l’enquête ont vocation à être exploités par les AOM membres du Syndicat. Elles pourront s’en servir pour faire évoluer leur offre de transport afin de mieux satisfaire les besoins des usagers et pour élaborer, réviser ou évaluer leur plan de mobilité. C’est dans cette même logique que le Syndicat partagera les résultats de l’enquête avec les autres acteurs compétents en matière de mobilité (SNCF, Région, départements, communes), mais intervenant dans différents domaines (TER, cars interurbains, infrastructures routières, stationnement, …). L’objectif est véritablement de fournir des éléments de connaissance sur les mobilités qui puissent servir d’aide à la décision (ex. : révision d’horaires, accroissement du cadencement, travaux d’infrastructures…).

L’exploitation des résultats a également vocation à déborder le seul champ des mobilités. À titre d’exemple, chaque établissement public de coopération intercommunale (EPCI) disposera, pour son territoire, d’un diagnostic sur les émissions liées aux mobilités qu’il pourra utiliser pour mettre en œuvre ou évaluer son plan climat air énergie territorial (PCAET). Les résultats pourront également être mobilisés dans le cadre de l’élaboration ou la révision de documents de planification (ex. :schéma de cohérence territorial) ou de programmation (ex. : document d’aménagement artisanal et commercial).

Enfin, l’enquête permettra aux chercheurs de réaliser des études comparatives sur les mobilités en France, grâce à la mise à disposition des données (anonymisées) sur le réseau Quetelet, réseau français des centres de données pour les sciences ouvertes.

Comment va se dérouler cette enquête ?

Le travail du prestataire (société Alyce) a démarré il y a quelques jours avec le repérage des adresses des ménages tirées au sort. L’objectif de ce repérage est de faciliter la réalisation de l’enquête. L’enquête se déroulera du 3 octobre 2023 au 3 février 2024 (hors vacances, dimanches et jours fériés) et les ménages tirés au sort se verront remettre par le personnel de la société Alyce une lettre avis comportant les informations relatives à l’enquête et les droits concernant les données à caractère personnel.

Les agents assurant le repérage et l’enquête disposent d’une attestation. En revanche, il n’est pas possible de fournir le trombinoscope de l’équipe mobilisée sur le terrain. Il faut en moyenne une vingtaine de minutes par personne pour répondre à l’enquête, mais la durée peut s’avérer un peu plus longue selon le volume de déplacements réalisés et le nombre de véhicules possédés par le ménage.

Les premiers résultats seront communiqués par le Cérema au Syndicat en décembre 2024, après une phase d’apurement et de redressement des données et l’exploitation complémentaire interviendra au premier semestre 2025 avec la perspective de publier des « cahiers de la mobilité » sur le modèle de ceux qui avaient été produits lors de l’enquête précédente.

Un enjeu de court terme : le recrutement des agents enquêteurs ?

La société Alyce commence à recruter les agents enquêteurs. A cet effet, elle recherche des personnes mobiles, qui connaissent le territoire  et sont connues des habitants (ex. agents qui effectuent régulièrement le recensement). Un agent enquêteur qui collecterait 200 questionnaires pourrait percevoir environ 4000 € brut. Pour des précisions sur la mission et les conditions de rémunération, les candidats sont invités à prendre l’attache d’Alyce par mail à l’adresse emc.nfc@alyce.fr.

Comment cette enquête est-elle financée ?

Cette enquête, dont le coût global s’élève à 528 180 € HT, bénéficie d’une aide du Pôle métropolitain Nord Franche-Comté à hauteur de 50 000 € puisque la réalisation d’une enquête de ce type figure dans la feuille de route « transports et mobilités » qu’il a adoptée le 15 octobre 2021. L’enquête étant labellisée par le Cérema, la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) de Bourgogne-Franche-Comté apporte pour sa part un financement de 103 000 €. Une demande de financement à hauteur de 259 000 € a également été déposée au titre de l’axe urbain du fonds européen de développement régional (FEDER). L’autofinancement s’élève quant à lui à 116 180 € et provient des cotisations des membres du Syndicat. Les élus membres du conseil syndical du SMTNFC remercient l’ensemble des cofinanceurs.