Des élus de Bourgogne-Franche-Comté interrogent Faurecia sur le devenir des sites d’Allenjoie et de Bavans

Matthieu Guinebert (Conseiller Délégué de Bourgogne Franche-Comté du Doubs) et Muriel Ternant (Conseillère Déléguée de Bourgogne Franche-Comté du Territoire de Belfort) ont adressé une lettre ouverte à la Direction de Faurecia :

« Depuis plus de deux années maintenant, les salariés de Faurecia Echappement ont dû migrer de Mandeure a Allenjoie, pour rejoindre « L’usine de Futur. Vous motiviez ce déménagement par votre volonté de vous positionner sur le marché du réservoir hydrogène pour véhicule individuel. Dès la mise en œuvre de cette stratégie, des doutes avaient été soulevés par les salariés : perspectives et débouchés, garances en termes d’emplois, pérennité du site …

Depuis 5 ans, le Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté subventionne cette stratégie Hydrogène au nom des engagements pris de maintenir les emplois existants et d’en créer de nouveaux : subvention d’aide à l’innovation 4,5 Millions d’Euros (Délibération du 22 novembre 2019), subvention de 150 000 euros pour projet structurant (Délibération du 18 octobre 2019), avance remboursable de 250 000 euros (Délibération du 28 juin 2019), subvention à Sedia pour l’aménagement de la ZAIR 800 000 euros (Délibération du 18 décembre 2020), subvention au titre du PAIR de 1,5 million d’euros (Délibération du 18 décembre 2020). L’ensemble de ces aides régionales réparties sur les sites d’Allenjoie et de Bavans pour la filière Hydrogène représentent 6,4 millions d’euros et 7,2 millions d’euros lorsqu’on prend en compte les aides indirectes.

A ce jour plusieurs questions demeurent sans réponse et méritent à notre sens une réponse de votre part, à savoir :
– qu’advient-il du carnet de commande sur le site d’Allenjoie ? Y-a-t-il des perspectives à moyen et court termes ? Qu’en est-il du marché Renaud, Mercedes ?
– quels sont les débouchés espérés de la production ? En effet, le coût des véhicules à hydrogène, les limitations technologiques (vitesses, autonomie) et le manque d’infrastructures nationales et régionales sont autant de freins au développement de cette future technologie ; comment comptez-vous passer au-delà de ces contraintes ?
– quel avenir pour la filière échappement ? L’interdiction des véhicules thermiques n’ayant pas lieu avant 2035, il nous semble qu’il est encore temps de profiter du savoir-faire unique des salariés de Beaulieu échappement
– enfin nous nous interrogeons sur l’avenir de l’emploi sur le site. Nous avons appris que l’entreprise Faurecia de Diors (Indre) a fermé ses portes le 31 décembre dernier. Ce site, spécialisé dans la construction de réservoirs d’Hydrogène, a été racheté par Faurecia en 2020. fermeture est justifiée officiellement par un transfert vers le site d’Allenjoie mais elle a conduit à la suppression de 35 emplois dans l’Indre. Cela s’ajoute à la suppression de près de 100 emplois chez Faurecia Allenjoie (anciennement échappement) en quatre années (321 salariés en mars 2019 contre 223 en mars 2023).

Le déficit d’information, ce bilan social partiel, l’absence de perspectives, inquiètent les salariés et nous inquiètent également. Ainsi en tant que représentants élus des citoyennes et citoyens bourguignons-franc-comtois, nous sollicitons des réponses de la direction sur l’ensemble de ces questions. Nous estimons que Faurecia doit rendre des comptes, en effet l’argent public dont l’entreprise a bénéficié, c’est autant d’argent mise en commun par l’ensemble de nos concitoyennes et concitoyens.

A l’heure où l’on demande aux collectivités, aux ménages, de justifier l’emploi et la demande de chaque centime de fonds public, il nous semble complètement censé de faire de même pour des entreprises qui comme la vôtre ont une envergure mondiale. A l’heure où les budgets publics sont sous contrainte, avec des conséquences importantes sur le développement des services publics, l’aide aux familles, le soutien aux artisans et aux petites entreprises, il ne nous semblerait pas compréhensible qu’un groupe comme Faurecia ne rende pas compte de l’utilisation des 6,4 millions d’euros de fonds régionaux« .