Nicolas Pacquot : lettre ouverte à Elisabeth Borne suite aux résultats exceptionnels de Stellantis

Nicolas Pacquot, Député Renaissance de la 3ème Circonscription du Doubs (photo Pose b / Christine Biau)

Nicolas Pacquot, Député Renaissance de la 3ème Circonscription du Doubs, a adressé une lettre ouverte à Elisabeth Borne, Première Ministre :

« Le 26 juillet dernier, le groupe Stellantis a annoncé par la voix de son PDG, Carlos Tavares, des résultats en matière de rentabilité, au premier semestre, qualifiés par la presse de « stratosphériques » (notre info Stellantis enregistre de nouveaux records au premier semestre 2023). Avec un chiffre d’affaires de 98,4 milliards d’euros (+12 %) et un bénéfice net de 10,9 milliards d’euros (+37 %), Stellantis pulvérise les records et ce, malgré la hausse du prix de ses véhicules.

C’est une très bonne nouvelle pour notre territoire, berceau historique de Peugeot. Un bastion dont je connais parfaitement les rouages pour y avoir exercé mon activité professionnelle pendant 20 ans, là même, où mes parents, tous deux ouvriers, ont passé l’ensemble de leur carrière. Tout le monde dans le Pays de Montbéliard a encore en mémoire 2012, l’année noire de PSA qui était au bord du gouffre, suscitant de vives inquiétudes quant à sa pérennité et celle de toute la sous-traitance. Fort heureusement, grâce à l’aide de l’État, conjuguée à l’engagement infaillible des salariés et à la nouvelle direction de l’entreprise, le pire a été évité. Depuis lors, le constructeur automobile n’a cessé de progresser et de prospérer.

Nous ne pouvons donc que nous réjouir de ces résultats, même s’ils accentuent toutefois le pincement au cœur que suscite l’absence d’intérêt de la direction du Groupe automobile pour le FCSM, se refusant de participer au sauvetage de ce patrimoine footballistique français, menacé de disparition. Son destin est pourtant intimement lié à la marque au lion, puisque le FCSM a été créé par la famille Peugeot, il y a plus de 95 ans, devenant le premier club de football professionnel français. Si cela est regrettable, tant ce club, tout comme Peugeot, sont l’ADN de notre territoire et l’étendard d’une véritable culture populaire, c’est un autre sujet que je voudrais évoquer.

En effet, au vu de ce contexte favorable et des performances exceptionnelles du groupe, se pose inévitablement la question d’une répartition plus équitable entre le capital et le travail, une question qui, malheureusement, est encore trop souvent éludée par de nombreuses entreprises. Pourtant, il convient de souligner que les bons résultats de ces industries sont avant tout le fruit du travail acharné, du dévouement et de l’engagement des salariés. Il est donc difficilement concevable que certains des artisans de cette réussite luttent pour joindre les deux bouts, confrontés à des bas salaires qui n’évoluent pas, (qui plus est au regard de l’inflation) et à des conditions de travail jugées de plus en plus difficiles, voire précaires.

L’exemple de Stellantis illustre clairement la nécessité d’une action rapide à l’échelle nationale, en faveur d’une augmentation juste et significative des salaires, ainsi que pour restaurer un équilibre entre le capital et le travail. Cela s’avère essentiel pour éviter que notre société ne se fracture de façon irrémédiable, avec toutes les conséquences néfastes que cela pourrait engendrer. L’État français a parfaitement rempli son rôle lors des différentes crises, contribuant à maintenir en bonne santé de grands groupes, tels que Stellantis, en leur apportant son soutien financier. Dès lors, il est en mesure d’exiger légitimement des contreparties.

Je suis convaincu que la clé pour accéder à une société apaisée, une meilleure cohésion sociale, une productivité stimulée et une innovation favorisée, réside dans cet équilibre. C’est pourquoi, j’en appelle au Gouvernement, et aux dirigeants des grandes entreprises à se mobiliser autour de cette question cruciale, afin qu’une réflexion puisse être engagée en vue de mettre en place des mesures significatives pour l’ensemble des travailleurs français« .