Le constructeur automobile Stellantis a publié ce lundi 21 juillet 2025 des résultats financiers préliminaires particulièrement inquiétants pour le premier semestre de l’année 2025. Le groupe enregistre une perte nette de 2,3 milliards d’euros, une contre-performance qui contraste fortement avec les attentes des analystes et illustre un contexte industriel et commercial tendu.
Selon les données communiquées, le chiffre d’affaires s’établit à 74,3 milliards d’euros sur les six premiers mois de l’année, mais le résultat opérationnel courant ne dépasse pas 500 millions d’euros. Le flux de trésorerie issu des activités opérationnelles est lui aussi négatif, à hauteur de 2,3 milliards d’euros, tandis que le flux de trésorerie libre industriel plonge à -3 milliards d’euros.
Parmi les principaux facteurs expliquant cette situation, Stellantis cite notamment 3,3 milliards d’euros de charges nettes avant impôts. Ces charges sont liées à des coûts d’annulation de programmes, des dépréciations d’actifs, des restructurations en cours et à l’impact d’une récente législation américaine supprimant le taux de pénalité CAFE. Ces éléments exceptionnels sont exclus du résultat opérationnel courant, mais ils pèsent lourdement sur la performance globale du groupe.
Stellantis met également en avant la hausse des coûts de production industrielle, des effets défavorables liés aux taux de change et à la répartition géographique des ventes, ainsi que les premiers impacts des nouveaux tarifs douaniers imposés par les États-Unis. Ces derniers se traduisent par une charge de 300 millions d’euros en droits de douane et par des baisses de production décidées en réaction stratégique par le groupe.
Le recul du volume de véhicules livrés à l’échelle mondiale aggrave cette situation. Stellantis annonce une facturation de 1,4 million d’unités pour le deuxième trimestre 2025, soit une baisse de 6 % en glissement annuel. Ce recul touche particulièrement l’Amérique du Nord, où les livraisons ont chuté de 25 %, soit 109 000 unités de moins. Cette baisse s’explique par la diminution des ventes de véhicules importés, affectés par les droits de douane, et par un net recul des ventes dans le segment des flottes. Seules les ventes au détail sont restées relativement stables aux États-Unis, avec même une progression combinée de 13 % pour les marques Jeep et Ram.
En Europe élargie, les livraisons ont diminué de 6 %, soit environ 50 000 unités en moins. Cette baisse est attribuée à une transition importante dans l’offre produit. Plusieurs modèles phares sont encore en montée en cadence après leur lancement, comme les nouvelles “Smart Cars” – Citroën C3 et C3 Aircross, Opel/Vauxhall Frontera et Fiat Grande Panda – dont les livraisons ont progressé de 45 % par rapport au premier trimestre, soit 25 000 unités supplémentaires. La fin de production de la Fiat 500 thermique, en attendant sa version hybride légère (MHEV), a également affecté les comparaisons avec l’année précédente.
En revanche, les régions Moyen-Orient, Afrique et Amérique du Sud offrent une note plus positive. Les facturations y ont progressé de 22 % par rapport à l’an passé, soit 71 000 unités supplémentaires. Stellantis reste notamment leader en Amérique du Sud, avec une hausse de 43 000 unités tirée par les bons résultats en Argentine et au Brésil. Au Moyen-Orient et en Afrique, les ventes ont crû de 29 000 unités grâce aux performances en Turquie, ainsi qu’à une amélioration des volumes en Égypte, en Algérie et au Maroc.
Ces résultats intermédiaires illustrent un premier semestre marqué par de nombreuses incertitudes, tant sur le plan industriel que géopolitique. Stellantis mise désormais sur la montée en puissance de ses nouveaux modèles et sur une amélioration de sa rentabilité au second semestre. Le groupe publiera ses résultats financiers complets le 29 juillet prochain, à l’occasion d’une conférence animée par son directeur général Antonio Filosa et son directeur financier Doug Ostermann.
