Bernard Lachambre, Conseiller municipal de Montbéliard, porte-parole Europe Ecologie Les Verts Pays de Montbéliard, communique :
« Étonnement, pour ne pas dire consternation, sont les premiers mots qui me viennent à l’esprit quand je vois les démarches entreprises et les réactions des différents partenaires et acteurs concernés par l’avenir de l’usine d’incinération du Pays de Montbéliard.
Pourquoi je m’exprime. Bien sûr en tant qu’habitant de Montbéliard, mais aussi en tant que Vice-président de PMA de 2008 à 2014, en charge des déchets, en tant aussi que Conseiller municipal à Montbéliard. Et depuis 2008, je suis la question du chauffage urbain.
Depuis 2020, j’ai étudié la question de l’incinération des déchets (fin de la DSP) et produit différentes notes que j’ai adressées aux élus de PMA, à la Région, à l’ADEME … J’ai pour cela consulté des rapports de bureaux d’études, de Valinea (qui gère l’UIOM de Montbéliard), de PMA, du SERTRID, le SRADDET et rencontré un certain nombre d’acteurs. J’ai suivi tous les débats qui ont eu lieu à PMA sur cette question et suis intervenu plusieurs fois au conseil municipal de Montbéliard sur ce sujet.
Le Conseil d’agglomération de PMA a décidé en juillet à une très large majorité de rénover un four de l’UIOM de Montbéliard. Une décision raisonnable car la suppression de l’UIOM de Montbéliard, c’est la fin du partenariat vertueux avec le réseau de chauffage urbain. Une UIOM à Montbéliard, c’est GAGNANT/GAGNANT/GAGNANT.
GAGNANT pour les habitants de PMA qui voient une partie du coût du traitement des déchets payée par la vente de chaleur et d’électricité (1,1 M€ aujourd’hui, demain environ 1,5 M€ soit plus de 22 M€ sur 15 ans, le prix de la rénovation de l’usine).
GAGNANT pour le climat et les forêts françaises car une usine rénovée à Montbéliard permettrait, par rapport à la solution Bourogne, une utilisation beaucoup plus importante de l’énergie produite par l’incinération des déchets. (L’UOIM de Montbéliard produira un peu d’électricité ET de la chaleur (d’où TGAP à taux réduit). Celle de Bourgogne ne produit que de l’électricité. Selon l’ADEME : « Une mutualisation à Bourogne sans réseau de chaleur à Bourogne n’est pas un bon scénario au plan environnemental. »). Avec l’option Bourogne, pour remplacer les 30 à 35 GWh de chaleur fournis par l’UIOM rénovée de Montbéliard, il faudrait construire une chaufferie bois (8 à 12 M€) qui consommerait environ 10 000 tonnes de bois (soit, d’après le PAT (Plan d’Approvisionnement Territorial en bois-énergie de l’Aire Urbaine) 30 % de la quantité disponible sur l’Aire Urbaine !).
GAGNANT pour les habitants de la Petite Hollande car l’utilisation de cette énergie donne droit à une TVA réduite (5,5 % au lieu de 20 % parce que 63 % du chauffage urbain vient de l’UIOM) et puis son coût est plus faible et dépend beaucoup moins du prix du gaz (en 2021 le prix du MWh de gaz est passé de 47 € à 139 €, +200 %, quand celui de la chaleur passait de 32 € à 35 €, + 10 %). Le dossier est passé aujourd’hui sur les terrains administratifs et juridiques : saisie par le Préfet du Doubs de la Chambre Régionale des Comptes (CRC) pour un avis puis du Tribunal Administratif pour juger de la légalité. En effet, avec raison, la CRC, sans donner un avis sur le fond, a relevé une fragilité juridique de la décision de PMA. La conséquence pouvant être de devoir relancer la procédure dans son ensemble et donc de retarder tout le processus d’un an, de 2 ans ?
Mais dans tout cela, où est l’intérêt des habitants du Pays de Montbéliard ? Et le climat attendra ! Ces démarches paraissent complètement hors-sol, déconnectées de la réalité ! Nombre d’habitants de PMA ne comprennent pas et sont inquiets. Dans cette période où on parle, avec raison, d’économiser l’énergie, quel mauvais exemple ce serait de gaspiller l’énergie produite par l’incinération des déchets et de brûler du bois pour la remplacer ; ce bois pourrait approvisionner d’autres chaufferies !
Une UIOM de trop sur le Nord Franche-Comté ? on peut le penser. Il y a 34 ans ceux qui ont construit celle de Montbéliard ont été visionnaire en lui permettant l’alimenter un réseau de chaleur. Elle est bien placée, bien dimensionnée, acceptée par la population. Construite il y a 20 ans, celle de Bourogne, surdimensionnée, n’a pas pu faire aboutir les nombreux projet de réseaux de chaleur, elle est trop éloignée, c’est trop cher. Sur un temps long : avec la réduction de production de déchets, c’est celle de Bourogne, vieillissante, qui fermera. Celle de Montbéliard pourra accueillir et valoriser les déchets belfortains avec une très bonne efficacité énergétique.
Nos instances pourront-elles trouver une solution pour sortir par le haut et rapidement de cette situation ? Je l’espère !« .
(source communiqué)