La mortalité en Bourgogne-Franche-Comté plus élevée qu’au niveau national

(photo d'illustration)

En 2018, 30 100 Bourguignons-Franc-Comtois sont décédés. Les tumeurs et les maladies de l’appareil circulatoire demeurent les principales causes tant pour les hommes que pour les femmes. Elles ont causé plus de la moitié des décès au cours de la période 2013-2015.

Vieillissement de la population, gains d’espérance de vie

Le nombre de décès ne cesse d’augmenter, il est en hausse de 11% sur 10 ans. Cette évolution, constatée également au niveau national, s’explique par le vieillissement de la population et l’arrivée de générations plus nombreuses, notamment celles du baby boom, à des âges de forte mortalité. À l’inverse, l’âge du décès tend à reculer : l’espérance de vie à la naissance augmente sur la même durée de 2,1 ans pour les hommes et de 1,4 pour les femmes. En 2018, l’espérance de vie des femmes de la région atteint 84,9 ans contre 78,8 pour les hommes. Toutefois, l’écart entre les sexes se resserre depuis plusieurs années : de 8 ans et un mois en 1990, il est passé à 6 ans et un mois. Près de 47% des décès touchent des personnes âgées de 85 ans et plus, les deux tiers d’entre elles sont des femmes. Près d’une femme âgée sur trois meurt de maladies de l’appareil circulatoire parmi lesquelles figurent les infarctus et les accidents vasculaires cérébraux. Elles décèdent davantage que les hommes en maison de retraite, 30% contre 20%. En effet, elles vivent plus longtemps que les hommes et entrent donc davantage en institution, notamment lorsque leur conjoint disparaît. Le vieillissement de la population n’explique pas à lui seul le nombre relativement élevé de décès de la région. À âge et sexe donnés, les Bourguignons-Franc-Comtois ont tendance à avoir une mortalité de l’ordre de 2% plus élevée qu’en France métropolitaine. Cette situation résulte à la fois d’une surmortalité masculine de 3% par rapport au niveau national, et d’une surmortalité également pour les femmes, mais plus modérée, de 1%.

Des décès avant 65 ans nombreux et souvent évitables

Près de 4 800 personnes sont décédées prématurément, c’est-à-dire avant 65 ans. Cela représente 17% des décès de la région et concerne pour plus de la moitié des personnes ayant entre 55 et 64 ans. À âge et sexe équivalents, les décès prématurés sont plus fréquents en Bourgogne-Franche-Comté qu’en France métropolitaine (+4 %). C’est la 4ème région où cette proportion est la plus élevée derrière les Hauts-de-France (+29 %), la Normandie (+15 %) et la Bretagne (+10 %). C’est en Île-de-France où elle est la plus faible (-13%). Le nombre de décès prématurés a diminué de 6% en dix ans dans la région. Pourtant, la moitié pourrait être encore évitable. Parmi eux, près de 70% le seraient si les personnes concernées avaient adopté un mode de vie réduisant les comportements à risque et les addictions (alcool, tabac…). Les campagnes de sensibilisation de la population visent cet objectif. Les 30% restant pourraient être évités avec une meilleure prise en charge des personnes par le système de soins, pour des pathologies comme les maladies cardiaques ou le diabète : dépistage plus fréquent, prise en charge plus précoce… Les blessures et empoisonnements sont la principale cause de décès chez les moins de 40 ans. Ils sont responsables, à ces âges, de 36% des décès et sont dus, pour les deux tiers, à des accidents routiers ou des suicides. La mortalité infantile est peu importante et est relativement stable depuis dix ans. Au-delà de 40 ans, les tumeurs deviennent la première cause de décès. Les pathologies liées à la consommation de tabac surtout, mais également de l’alcool, se développent.

La mortalité prématurée plus élevée chez les hommes

Les deux tiers des décès survenant avant 65 ans concernent des hommes. Ils ont plus fréquemment des comportements à risque susceptibles d’impacter leur santé, et sont donc plus exposés que les femmes à la mortalité prématurée. Notamment, en 2016, 36% d’entre-eux se déclarent fumeurs contre 26% des femmes. Le tabagisme est ainsi responsable de 20% des décès prématurés masculins contre 15% de ceux touchant les femmes. Ces dernières participent plus fréquemment aux actions de prévention : elles consultent davantage les professionnels de santé et participent plus souvent aux campagnes de dépistages. Elles adoptent néanmoins de plus en plus des comportements à risque.

Les Nivernais et les Icaunais plus touchés par la mortalité prématurée

C’est dans la Nièvre que la surmortalité prématurée est la plus importante de la région, et dans une moindre mesure dans l’Yonne. À âge et sexe équivalents, les décès survenant avant 65 ans sont respectivement 32% et 17% plus fréquents qu’en France métropolitaine. Les décès évitables sont en particulier plus nombreux. La Nièvre est le 2ème département de l’Hexagone, derrière le Pas-de-Calais, où la mortalité prématurée est la plus élevée. Elle est le 2e département métropolitain pour la mortalité due aux maladies de l’appareil circulatoire, et le 3ème pour celle liée à la consommation d’alcool. L’Yonne présente une mortalité par tumeur la plus élevée de la région, notamment pour le cancer du sein. C’est aussi le département de Bourgogne-Franche-Comté où la part de femmes de 50 à 74 ans dépistées pour cette maladie est la plus faible, 54% contre 60% en moyenne dans la région. À l’inverse, la mortalité avant 65 ans est moins prononcée en Côte-d’Or et dans le Doubs. Ces départements affichent même une sous-mortalité de 4% par rapport à la moyenne métropolitaine. Cette situation plus favorable s’explique par des décès liés aux comportements à risque moins fréquents en Côte-d’Or, notamment s’agissant des décès attribuables à l’alcool ou au tabac. Par ailleurs, le Doubs enregistre des décès dus aux tumeurs moins fréquents, notamment chez les hommes. La mortalité prématurée est globalement comparable dans les autres départements à la moyenne française. Le Jura, le Territoire-de-Belfort et la Saône-et-Loire se distinguent par davantage de décès par suicide en particulier chez les femmes. En outre, les décès dus aux accidents domestiques féminins sont plus nombreux en Haute-Saône.

(texte Insee, Marie-Laure Simon, Hélène Ville)