Il y a 70 ans était lancée l’Opération Lionceaux par le FC Sochaux-Montbéliard

(photo fcsochaux.fr)

Le 16 août 1949, le FC Sochaux-Montbéliard lançait son « Opération Lionceaux ». Une sorte de centre de formation avant l’heure qui a permis au club de faire signer à très nombreux joueurs un premier contrat professionnel et d’ainsi nourrir en jeunes talents son équipe première.

C’était il y a 70 ans, en 1949. Très précisément le 16 août. Une innovation du FC Sochaux-Montbéliard ayant pour nom « Opération Lionceaux » débutait. Pour la première fois, un club professionnel français détectait de jeunes talents sur l’ensemble du territoire national avant que ceux-ci ne poursuivent leur apprentissage du football dans une structure créée pour l’occasion. La stratégie adoptée avec la politique des Lionceaux il y a tout juste 70 ans a permis au club de rester au haut niveau tout en préfigurant la politique de formation débutée en 1974.

Le contexte de 1949

Fondé en 1928, professionnel dès la saison suivante, le FC Sochaux (devenu FC Sochaux-Montbéliard en 1930) devient vite un club incontournable du football français des années 1930. La recette ? Le recrutement, souvent à prix d’or, de « vedettes » au talent reconnu. Le club recrute des joueurs internationaux en France, en Europe de l’Est ou en Amérique latine. L’objectif est de proposer un jeu spectaculaire et léché afin de séduire le grand public et divertir les ouvriers de Peugeot. Après la deuxième guerre mondiale, Peugeot pense en priorité à reconstruire ses usines et ne peut consacrer des moyens importants au FCSM alors que la surenchère fait rage dans le football français. Le vedettariat des années 1930 est définitivement oublié pour le club sochalien. Celui-ci est à nouveau précurseur en trouvant une parade à cette nouvelle donne.

La solution « Lionceaux » !

À l’été 1949, la réponse apportée se nomme « Opération Lionceaux ». Le principe, pour simple qu’il paraisse après coup, est révolutionnaire même s’il réclame de la patience. De jeunes talents sont repérés dans toutes les régions, notamment par le biais du réseau Peugeot. Ils sont logés ensemble et des principes leurs sont inculqués tant en matière de football le matin que dans un métier pratiqué l’après-midi aux usines Peugeot. L’idée d’activement encadrer les jeunes joueurs a été déflorée dès l’avant-guerre. Elle trouve à compter de 1949 une continuité énergique. Pour commencer, c’est une douzaine de joueurs qui sont logés au Cercle Hôtel, là où les ingénieurs célibataires de Peugeot sont également accueillis. Les Lionceaux sont placés sous la conduite de deux anciens joueurs, Robert Zurcher et Jean Pessonneaux, et sous le regard de Paul Wartel, l’entraîneur de l’équipe première qui les intègre quatre fois par semaine à son effectif.

Des résultats tangibles

La première « phalange des Lionceaux », a qui il est demandé discipline, correction et du beau jeu, compte dans ses rangs des éléments qui, selon leur degré de maturité et les besoins de l’équipe, intégrèrent l’équipe professionnelle. L’équipe des Lionceaux dispute la Coupe Herlory, qui oppose les réserves des clubs de l’Est et que Sochaux remporte en 1950. Le travail à mi-temps pour Peugeot des Lionceaux leur permet aussi de défendre les couleurs du FC Autos Peugeot et de remporter la Coupe de France corporative la même année. Les Lionceaux forment peu à peu l’ossature de l’équipe première. En 1952/1953, lorsque le FCSM est vice-champion de France et remporte la Coupe Drago, la quasi-totalité de ses éléments ont signé leur premier contrat professionnel en faveur du club. La politique des Lionceaux est finalement l’arme qui a permis au club de traverser les années 1950 sans quitter l’élite.

Des internationaux, de nombreux professionnels

Tout au long des années 1950, le FC Sochaux-Montbéliard s’appuie principalement sur ses Lionceaux pour construire son équipe professionnelle. Trois joueurs comptant parmi les premières promotions auront les honneurs de jouer en équipe de France : Jacky Faivre, Henri Biancheri et Jean-Jacques Marcel. Ce dernier participera même en 1958 à la campagne tricolore en Coupe du Monde conclue par une troisième place. Marcel sera aussi en son temps le plus gros transfert jamais effectué dans le championnat de France lors de sa signature à l’Olympique de Marseille. André Guy, Claude Quittet ou Bernard Bosquier seront à leur tour internationaux dans les années 1960 après être passés par l’école sochalienne.

1974 : place au centre de formation

Si la formule stricte de la « politique des Lionceaux » s’étiole quelques peu après quelques années d’existence, le principe de détection des jeunes talents et leur apprentissage du métier de footballeur demeurent tandis que le club poursuit en parallèle son travail avec les plus jeunes grâce à son école de football. Ce n’est donc pas une surprise de voir le FC Sochaux-Montbéliard figurer parmi les premiers clubs français à ouvrir un centre de formation. En 1974, celui-ci sera placé sous les ordres de Pierre Tournier qui avait été un Lionceau en 1953. Le club sochalien, en appliquant une nouvelle idée, s’offrira comme avec la politique des Lionceaux le moyen de briller au haut niveau sans devoir en passer par un recrutement dispendieux.

(texte FCSM)