Accoler l’adjectif « vétéran » à un sport renvoie à l’image tronquée d’une pratique « loisir » plus tournée vers la convivialité que la performance. Mais la réalité est tout autre, et si les vétérans escrimeurs n’oublient pas le plaisir de se retrouver à l’occasion des diverses compétitions, les combats sont toujours très engagés. On précisera que la catégorie vétérans commence à 40 ans et se divise en V1 (40-49 ans), V2 (50-59 ans), V3 (60-69 ans), V4 (+ de 70 ans), la fédération envisage même un catégorie V5 qui commencerait à 75 ans, signe de la vitalité de ces pratiquants. Si l’ASCAP Escrime peut compter dans ses rangs une tête d’affiche exceptionnelle en la personne d’Eva Lacheray pour la catégorie des moins de 20 ans au fleuret, au niveau international, à l’autre extrèmité du « spectre », on compte aussi quelques vétérans épéistes qui vont croiser le fer dans différentes épreuves de tous niveaux.
Philippe Bonnot est de ceux là, et le samedi 15 juin 2019, il s’est aligné au Championnat de France Vétérans Epée qui se déroulait à Limoges. Dans sa catégories V3, ils étaient 80 concurents. Le vétéran ascapien n’avait pas vraiement de certitude ou d’ambition particulière, mais il a fait preuve, tout au long de la journée d’une solidité et détermination remarquées. Le tour de poule préliminaire était réglé sans encombre avec 5 victoires en 5 matches, et avec des scores larges plaçant Philippe Bonnot 2ème dans le classement à l’issue des poules. Les 32èmes, puis 16èmes de finale étaient passés facilement difficultés : 10/0 puis 10/2. Les difficultés allaient augmentant mais notre ascapien ne s’arrètait pas : 10/8 en 8ème de finale puis 10/9 en quart, une médaille était assurée. La première à ce niveau pour Philippe Bonnot. La demi-finale promettait d’être corsée. L’adversaire était le nîmois Sicot, récent médaillé en championnat d’europe vétéran, un « gaillard » combattif, rapide et athlétique de 1,85m, donc d’une bonne allonge. Mais Philippe Bonnot, tireur d’expérience, annula cet avantage en portant se touches sur la main ou l’avant-bras de l’adversaire. Des cibles certes plus proches, mais plus petites et plus mobiles que le corps : 10/6, pour Bonnot, direction la finale. L’autre finaliste était le havrais Maillard, sorti pourtant n°21 du tour de poule, mais ayant réussi un beau parcours en élimination directe, donc dans une journée euphorique. C’était l’outsider parfait, et les deux ont livré un duel de toute beauté. Bonnot prit le large 4-2, Maillard reprit l’avantage 5-4, réaction de l’ascapien qui repassa devant 8-7 puis l’emporta 10-9. Philippe Bonnot décrochait là son premier titre national.
(texte ASCAP)
