Plus de décès désormais que de naissances en Bourgogne-Franche-Comté

(photo d'illustration)

Au 1er janvier 2017, la Bourgogne-Franche-Comté compterait 2 817 200 habitants (estimation provisoire), soit 3 700 de moins qu’au 1er janvier 2015. En rythme annuel, le nombre d’habitants diminuerait ainsi légèrement, de l’ordre de 0,1% par an entre 2015 et 2017. Cette baisse ferait suite au ralentissement de la croissance démographique déjà observé au cours des périodes précédentes : après une hausse de 0,3% par an entre 2005 et 2010, la population régionale n’avait progressé que de 0,1% entre 2010 et 2015.

En France métropolitaine, ce ralentissement intervient aussi, mais de façon moindre. Toutefois, la population continuerait d’augmenter, à un rythme annuel de 0,4% entre 2015 et 2017. Cette croissance serait portée par les régions de la moitié sud de la France, l’Auvergne-Rhône-Alpes, l’Occitanie et la Corse notamment où la croissance démographique serait la plus dynamique, dépassant 0,6% par an. La région PACA ferait exception, avec une croissance démographique qui continuerait de se tasser. Sur cette période, seules la Bourgogne-Franche-Comté et dans une moindre mesure la région Grand Est perdraient des habitants. En Bourgogne-Franche-Comté, la population diminuerait sous le double effet d’un déficit migratoire et d’un déficit naturel. Avec un solde négatif estimé à environ 1 200 personnes en 2015 et en 2016, les migrations résidentielles vers la région ne compenseraient toujours pas les départs. Parallèlement, les décès l’emporteraient sur les naissances. En effet, le moteur naturel, encore positif en 2014, s’est infléchi pour devenir légèrement négatif en 2015 sous l’effet conjugué d’une baisse des naissances et d’une hausse des décès. En 2016, ce déficit s’accentuerait encore, les naissances reculant encore pour un nombre de décès stable par rapport à 2015. À partir de 2016 et pour la première fois, le déficit naturel deviendrait plus fort que le déficit migratoire.

Baisse des naissances et augmentation des décès sont loin d’être propres à la région ; les mêmes tendances se manifestant au niveau national. Elles sont dues à la contraction du taux de fécondité depuis 2014, entraînant une diminution du nombre de naissances par femme. Ce phénomène est largement amplifié par le vieillissement général de la population qui compte moins de femmes en âge de procréer. Parallèlement, l’arrivée des générations nombreuses du baby-boom à des âges de plus forte mortalité contribue à la hausse du nombre de décès.

En Bourgogne-Franche-Comté, les personnes âgées de 60 ans ou plus représentent 28% de la population régionale, soit trois points de plus qu’en moyenne nationale. Les effets du vieillissement de la population y sont donc plus marqués et conduisent à enregistrer 1 200 décès de plus que de naissances en 2016. Si ces tendances se prolongeaient, le déficit naturel se creuserait encore en 2017. Selon les premières estimations, la région pourrait compter 2 800 décès de plus que de naissances, ce qui, à solde migratoire inchangé, porterait la population régionale à 2 813 200 habitants au 1er janvier 2018, un niveau proche de celui constaté au 1er janvier 2010.

Dans les départements de la région, le Doubs et la Côte-d’Or seraient les seuls à gagner des habitants entre le 1er janvier 2015 et le 1er janvier 2017, grâce notamment à un solde naturel positif. La croissance démographique, de 0,3% par an, serait plus dynamique dans le Doubs, portée par un solde naturel élevé. En Côte-d’Or, elle progresserait de 0,2% par an, le département bénéficiant à la fois d’un solde naturel positif et d’un excédent migratoire. Le nombre d’habitants se stabiliserait dans le Territoire de Belfort, l’excédent des naissances sur les décès compensant des migrations déficitaires. Dans le Jura et la Saône-et-Loire, la population diminuerait de 0,1% par an, un taux proche de la moyenne régionale. Toutefois, les deux moteurs de la croissance démographique n’agiraient pas de la même façon : solde migratoire et solde naturel, tous deux légèrement déficitaires, contribueraient à parts égales à la baisse du nombre d’habitants dans le Jura, alors que l’excédent migratoire à l’œuvre depuis plusieurs années en Saône-et-Loire serait insuffisant pour compenser le solde naturel négatif.

Dans l’Yonne, où les arrivées et départs de population s’équilibrent, le nombre d’habitants diminuerait au rythme de 0,2% par an en raison d’un excédent des décès sur les naissances. La baisse serait plus soutenue dans la Nièvre et en Haute-Saône. La population haut-saônoise diminuerait au rythme de 0,4% par an, essentiellement en raison de migrations déficitaires. Dans la Nièvre, département qui compte près de 35% de personnes âgées de 60 ans ou plus, le déficit naturel expliquerait les deux tiers de la baisse démographique qui serait l’une des plus fortes de France (- 0,9 % par an).

(texte Mélanie Chassard, Insee)