Martial Bourquin : « Je suis sonné par le vote de la loi immigration »

Martial Bourquin (photo Ville d'Audincourt)

Martial Bourquin, Maire d’Audincourt, communique :

« Ce matin, en tant que Maire d’Audincourt, Sénateur entre 2008 et 2020, je suis sonné par le vote de la loi immigration à l’Assemblée nationale. Une digue a sauté : celle de notre République et ses valeurs. Dire que nous avons fait barrage à l’extrême droite ! Finalement, elle n’a plus besoin de gagner les élections pour imposer ses idées.

Peu importe les explications techniques de Madame Borne, Première Ministre, peu importe les prières du Gouvernement pour que le Conseil constitutionnel fasse son œuvre en annulant certains articles, la loi immigration est devenue la leur. Honte à eux ! Par cette lâcheté politique et intellectuelle, par cette loi ignominieuse, ils ont choisi de remettre en cause les valeurs fondamentales et républicaines de notre pays. Ils ont sacrifié la France humaniste sur l’autel du populisme.

Ils ont remis en cause le droit du sol, l’égalité devant la loi. Ils ont intégré l’idée de la préférence nationale. Tout cela ne réglera aucunement les vrais problèmes de la France : la désindustrialisation, l’absence de médecins, l’explosion de la pauvreté et de la précarité… Cela ne nous accompagnera pas non plus dans la transition écologique. En fait, le gouvernement s’est replié derrière le même argument fallacieux que l’extrême droite : l’étranger, serait-il le responsable de tous nos maux ? Quelle hypocrisie !

Quelle hypocrisie, en réalité, de réduire les droits des travailleurs étrangers ! Travailleurs qui se mobilisent actuellement pour que la France puisse organiser les Jeux olympiques en juillet 2024. Travailleurs qui assurent la propreté des grandes villes de France. Travailleurs qui œuvrent, invisibles, dans les restaurants, qui, la nuit, nettoient les bureaux, les hôpitaux, les gares, travailleurs qui s’occupent de nos personnes âgées…

Quelle hypocrisie de vouloir demander une caution retour aux étudiants étrangers. Étudiants qui seront peut-être les médecins généralistes de demain, qui deviendront professeurs ou chercheurs.

Quelle hypocrisie d’intégrer la préférence nationale dans l’accès aux droits notamment celui de se soigner. Ne faisons pas porter le chapeau de la faillite de notre hôpital public aux étrangers, elle est juste la conséquence de mauvais choix politiques. Nous le voyons sur notre territoire où l’on préfère déplacer un service de cancérologie au lieu d’ouvrir des lits. Quelle est la part des responsabilités des étrangers dans cette décision ?

Ce matin, le Maire d’Audincourt que je suis, porte l’héritage de tous les étrangers qui ont fait et qui font encore aujourd’hui notre ville, à ceux qui l’ont libérée en 1944, à ceux l’ont défendue. A ceux qui ont fait la gloire de l’industrie. Je souhaite rendre hommage à tous les étrangers d’Audincourt, d’hier et d’aujourd’hui, et leur apporter au nom de la ville notre reconnaissance et notre entier soutien.

Victor Hugo donnait en 1855 la définition de l’étranger dans la légende des siècles :  » Étranger ! Que signifie ce mot ? Quoi ! Sur ce rocher j’ai moins de droits que dans ce champ ! Quoi ! J’ai passé ce fleuve, ce sentier, cette barrière, cette ligne bleue ou rouge visible seulement sur vos cartes, et les arbres, les fleurs, le soleil, ne me connaissent plus ! Quelle ineptie de prétendre que je suis moins homme sur un point de terre que sur l’autre ! Vous me dites : Nous sommes chez nous et vous n’êtes pas chez vous ! – Où ? Ici ? Vous n’avez qu’à creuser une fosse, et vous verrez que la terre m’y recevra tout aussi bien que vous ». Au moment où certains piétinent les valeurs de la République, nous devons au contraire les porter haut et fort avec fierté et humanité« .