Elections législatives 2022, 3ème circonscription du Doubs : Denis Sommer ne sera pas candidat

Denis Sommer, Député 3ème Circonscription du Doubs (photo Facebook Denis Sommer)

Denis Sommer, Député de la 3ème Circonscription du Doubs, Conseiller communautaire à Pays de Montbéliard Agglomération, communique par un courrier adressé aux élus communautaires de Pays de Montbéliard Agglomération :

« (…) Je souhaitais vous dire quelques mots à l’occasion du Conseil d’agglomération du 25 novembre. Le report justifié de celui-ci ne me le permettra pas, aussi j’ai décidé de vous écrire.

J’avais dit en 2017 que je ne ferais qu’un seul mandat national. Je ne serai donc pas candidat en juin 2022. Après discussion avec ma famille et mes amis, j’ai décidé de mettre un terme à cette date à mes engagements politiques et de retourner à la vie associative.

J’aurais pu continuer mais il y a de nombreux talents autour de nous. Je n’incarne pas l’avenir et il est temps pour moi de laisser à d’autres le soin d’imaginer ce que doivent être nos politiques publiques et d’agir pour notre territoire. C’est pourquoi j’ai démissionné du conseil municipal, du conseil d’agglomération et du pôle métropolitain pour laisser à mon successeur la possibilité de siéger durant une année budgétaire entière.

J’aurai siégé sur ces bancs durant une vingtaine d’années. J’y ai vécu des moments enthousiasmants, d’autres plus difficiles. J’ai pu apprécier l’excellence des agents de l’agglomération de tous les services et particulièrement les équipes de l’Agence de Développement et d’Urbanisme et de la direction de l’économie. Je les remercie très chaleureusement, très sincèrement, ces femmes et ces hommes me manqueront. Paradoxalement, c’est avec les Présidents Louis Souvet et Marcel Bonnot que j’ai pu le mieux travailler, en confiance, dans la clarté des relations. Bien sûr, il y a eu des désaccords mais nous avons su les traiter avec intelligence et respect mutuel.

Je me souviens d’un débat qui revient aujourd’hui : celui de l’avenir de l’usine d’incinération. À l’époque, je plaidais déjà pour un rapprochement avec l’agglomération Belfortaine. Ici, on nous expliquait que les prévisions des tonnages étaient de l’ordre de 80 000 tonnes pour justifier une nouvelle construction. Nous savons ce qu’il est advenu, et pourtant, il se trouve encore des partisans de je ne sais quelle indépendance pour légitimer l’engagement de dizaines de millions d’euros d’investissements. Ne vaudrait-il pas mieux, par exemple, mettre le paquet, aller à fond sur le développement des usages dans l’hydrogène stationnaire et les mobilités ?

Je suis membre de la Commission de Surveillance de la Caisse des Dépôts et Consignations. À ce titre, je vois naître de nombreux projets en France, autour du vecteur hydrogène. L’État consacrera près de 9 milliards d’euros en soutien à cette filière en devenir. Nous avons le 1er laboratoire de recherche FC LAB, l’UTBM, Gaussin à Héricourt, Alstom construit des trains H, Faurecia des réservoirs, Mc Phy fabricant d’électrolyseurs va s’installer, H2SYS développe différents usages, l’ISTHY s’implantera en 2022… Et je ne vois pas de nouveaux projets novateurs dans le Pays de Montbéliard. Le Doubs central s’engage, Belfort va acheter des bus Hydrogène, Territoire Habitat va construire un immeuble autonome en énergie, et nous, nous prenons du retard ! Faisons du Nord Franche-Comté un territoire champion de l’hydrogène, l’avenir est là entre autres, pas dans l’incinération !

La société évolue très vite, à grands coups de numérique, les modes de vie et de consommation sont et seront encore bouleversés… et nous avons à faire face au défi climatique qui nécessite des ruptures fortes, chaque territoire doit y apporter sa contribution.

Le débat sur les investissements engagés par Stellantis illustre aussi les difficultés à se projeter. Quand nous avons acheté les bâtiments Faurecia de Mandeure pour favoriser les investissements de Faurecia Bavans, nous avons eu raison. J’avais conduit les négociations avec Yann Delabrière, ex-PDG de Faurecia, validées par Pierre Moscovici. Il y avait déjà des récriminations : pour certains, j’étais l’homme qui cédait au capital. Il y avait à l’époque 200 ingénieurs cadres et techniciens à Bavans, ils sont 800 aujourd’hui dans ce centre qui est devenu un centre mondial de R&D.

Avec Marcel Bonnot, nous avions aussi assuré une négociation difficile sur « PSA Nord ». Qui le regrette maintenant ?

J’ai bien peur que cette agglomération ne soit plus l’agglomération du débat et de l’audace. L’accord de gouvernance a plombé la capacité d’innovation. Le Président LR est l’otage d’un PS réduit et sectaire. Le débat entre élus s’est transformé en chantages, pressions et exclusives. Ce n’est pas durable parce que l’intérêt de petits groupes n’est pas l’intérêt général des habitants du Pays de Montbéliard. La passion sectaire l’a emportée sur le débat. Celui-ci peut être vif mais jamais il ne peut conduire à faire taire un opposant ou à l’obsession de réduire la représentation de son opposition. L’autorité radicale du fait majoritaire est totalement déplacée.

Je suis effaré quand j’entends qu’un conseiller délégué pourrait être nommé pour s’occuper des bouches d’incendie, en rompant au passage l’accord sur la représentation des groupes au bureau.

Avec des pratiques aussi étroites, je ne suis pas étonné que le projet métropolitain soit cantonné à une dimension accessoire alors que l’agglomération et le pôle métropolitain sont nos espaces de vie et de créations.

Je continuerai bien sûr à m’intéresser à ces sujets mais je contribuerai différemment. Je remercie tous les collègues avec qui j’ai travaillé pendant toutes ces années. Avec nombre d’entre eux, j’avais des désaccords politiques mais nous avons su nous parler franchement, nous respecter et progresser ensemble. Les étiquettes ne nous ont pas divisés, la volonté de faire bien nous a réunis. J’ai profondément aimé cette diversité, c’est l’essence même d’une agglo. Certains l’ont oubliée. Ne vous laissez pas aller à cet oubli plus longtemps qui au final porte des coups à la démocratie, conduit à une ambiance de travail détestable et affaiblit la réflexion de l’assemblée et l’action pour le territoire.

A un moment de toute vie, il faut savoir dire stop. Avoir ce courage. (…) ».

(source communiqué)