Expulsion d’Abakar : le Comité de soutien sollicite le Préfet du Doubs

Abakar Gassama (photo change.org)

Le Comité de soutien pour Abakar, jeune guinéen du Pays de Montbéliard sous obligation de quitter le territoire (notre info du 02/02/2021), a écrit à Joël Mathurin, Préfet du Doubs :

« Les représentants du Comité pour Abakar, sous l’égide des Etats Généraux des Migrations Belfort-Montbéliard, souhaitent vous rencontrer dès que possible afin d’évoquer avec vous la situation d’Abakar Gassama.

Bien entendu, nous savons parfaitement que vous avez prononcé à son encontre une OQTF et un arrêté de placement en rétention.
Nous n’ignorons rien de la logique administrative qui a pu vous amener à de telles décisions, les papiers d’identité guinéens ayant la réputation d’être peu fiables, ce qui amène à douter de l’identité ou de l’âge de tous les porteurs de ces papiers, même si ces papiers n’ont fait l’objet d’aucune fraude.

Mais est-ce à ce jeune de faire les frais de services d’état-civil défaillants dans son pays d’origine ? Et comment expliquer que ses papiers aient été pris en compte pour admettre Abakar au bénéfice de l’aide sociale à l’enfance et qu’ils ne soient plus valables le jour où ils indiquent que le titulaire a atteint l’âge de la majorité ?

Mais au-delà de cette question « technique », c’est bien d’une situation personnelle dont il s’agit. La République Française se grandit, quand elle sait, comme dans le cas du jeune Laye, apprenti-boulanger à Besançon, trouver des solutions pour rester en conformité avec ses valeurs.

Même si vous le blâmez pour s’être retrouvé un soir sans l’attestation Covid 19 réglementaire, parce qu’il avait raté son bus en sortant du lycée, rien de sérieux ne peut être vraiment reproché à Abakar qui soit de nature à justifier son arrestation et son expulsion alors même qu’à sa majorité, il a tout fait pour être en situation régulière.

De notre côté, nous avons constitué notre Comité parce qu’Abakar présente un profil sérieux de formation et d’intégration, conforme à ce que nous souhaiterions à beaucoup d’autres jeunes :
– Le Conseil d’administration du Lycée Nelson Mandela où il poursuit sa scolarité a voté à l’unanimité une motion demandant son retour en classe.
– Le CFA de Bethoncourt qui l’héberge et grâce auquel il a passé avec succès son CAP de cuisinier, confirme qu’il y a toute sa place.
– Au restaurant du Jura, où il a effectué plusieurs stages, sa gentillesse et ses compétences sont appréciées.
– Sans oublier qu’Abakar dispose d’une promesse d’embauche, ferme et sérieuse, qui peut devenir effective dès que la fermeture des restaurants pour raisons sanitaires sera levée.

Comme pour Laye, l’apprenti-boulanger de Besançon, il serait paradoxal de priver les employeurs d’un secteur en tension des compétences d’un jeune que la France a formé depuis des années.

Enfin, mais nous pourrons en parler de vive voix, l’histoire personnelle d’Abakar l’expose à de graves dangers s’il venait à être expulsé dans son pays d’origine où il n’a plus ni famille ni soutiens.

Pour toutes ces raisons, et parce que nous pouvons apporter ces éléments nouveaux permettant un réexamen de sa situation, nous souhaiterions échanger avec vous sur l’opportunité d’une solution humaine et sur les modalités qu’elle pourrait prendre. (…) ».