Taux de propriétaires en Bourgogne-Franche-Comté, 3ème plus forte progression régionale depuis 1968

(photo d'illustration)

Devenir propriétaire, c’est le souhait d’une grande majorité de Français. La Bourgogne-Franche-Comté compte désormais 800 000 ménages propriétaires de leur logement, un nombre qui a plus que doublé en 45 ans : il s’élevait à 367 000 en 1968. Comme dans toute la France, la hausse de la population et la réduction de la taille moyenne des ménages ont entraîné l’augmentation du nombre de ménages. De plus, l’augmentation du niveau de vie, le besoin de confort ainsi que des politiques publiques incitatives et le développement du crédit ont permis à une part croissante de la population d’investir et de quitter le statut de locataire. Les propriétaires représentent 63% des ménages bourguignons-francs-comtois en 2014, contre 46% en 1968. La région détient la quatrième place pour la part de ménages propriétaires, après les régions Bretagne (66%), Pays de la Loire et Centre-Val de Loire (64%). Durant ces cinquante dernières années, le taux régional augmente plus vite que le taux national. Déjà supérieur en 1968, au fil du temps, il s’en écarte un peu plus. La Bourgogne-Franche-Comté est une région moins urbaine. Dans ses territoires ruraux, peu densément peuplés, les prix du foncier sont plus abordables. La progression entre 1968 et 2014 est la troisième meilleure trajectoire régionale derrière les régions Normandie et Auvergne-Rhône-Alpes. Durant la même période, la part des locataires diminue peu dans la région, passant de 39% à 35% et celle des logés gratuitement chute, notamment avec la baisse des logements de fonction.

Une progression rythmée par la conjoncture et les conditions d’accès à la propriété

La progression continue de la propriété n’a pas été pour autant régulière ; d’abord soutenue entre 1968 et 1990 (plus de 11 points pour la région et la France métropolitaine), cette croissance s’est ralentie entre 1990 et 1999. En effet, dans les années 1990, les projets d’accession à la propriété sont freinés par les difficultés économiques et la plus grande précarisation du travail, les taux d’intérêt élevés, la perspective de lourds remboursements d’emprunt et la diminution du volume des aides à la pierre. Dans les années 2000, la part des ménages propriétaires augmente plus fortement en raison de nouvelles conditions : baisse des taux d’intérêt, allongement de la durée des crédits, mesures d’incitation à l’accession (prêt à taux zéro). Puis dans la décennie 2010, la crise économique et le niveau élevé des prix de l’immobilier ont pour effet de limiter de nouveau la progression, en dépit de taux d’intérêt historiquement bas.

Plus on vieillit, plus on devient propriétaire

Depuis 1968, en Bourgogne-Franche-Comté, le taux de propriétaires a augmenté pour les plus de 25 ans ; à tous les âges, ces ménages sont plus souvent propriétaires que par le passé. Entre 1968 et 1990, le taux de propriétaires augmente de plus de 15 points pour les 25-39 ans et les 40-59 ans. Puis, les 25-39 ans sont particulièrement touchés par la crise dans les années 1990, avec un taux de propriétaires en recul de 6 points, de 43% à 37%. Sur la même période, ce taux reste stable pour les 40-59 ans, soit environ deux ménages propriétaires sur trois. Les plus jeunes ont davantage souffert de la précarité accrue de l’emploi et du chômage. Quelle que soit l’époque, les ménages de 60 ans ou plus affichent un taux élevé et une hausse continue depuis 1968. En 2014, 77% sont propriétaires de leur logement contre 74% en France métropolitaine. Par un effet de glissement générationnel, ils concentrent les investissements immobiliers, en progression, des cohortes précédentes. Les ménages de 60 ans ou plus représentent près de la moitié des propriétaires de logements en 2014 comme en 1968. Quant aux moins de 25 ans, ils demeurent très peu propriétaires ; avec un niveau de vie moins élevé, plus mobiles, ils s’orientent davantage vers la location.

Essor de la propriété chez les cadres et les professions intermédiaires

En 45 ans, la propriété a progressé fortement parmi les ménages régionaux les plus favorisés : cadres et professions intermédiaires. En 2014, les deux tiers possèdent leur résidence principale. Leur niveau de vie plus élevé a souvent permis d’acquérir une maison individuelle notamment dans les couronnes périurbaines, en pleine croissance, des agglomérations. Un ouvrier sur deux est désormais propriétaire contre un peu plus d’un tiers des employés. L’accès à la propriété des ouvriers s’est amélioré. Plus qualifiés que par le passé, leur pouvoir d’achat a progressé et facilité l’accès à la propriété. En revanche, le taux de propriétaires chez les employés n’augmente plus depuis 1982. Les emplois tertiaires (caissières, assistantes maternelles, aides à domicile…) se sont multipliés. Souvent à temps partiel et peu rémunérées, ces catégories peinent à devenir propriétaire. Néanmoins, les taux de propriétaires des ouvriers et des employés de la région restent supérieurs à ceux du territoire national, respectivement 52% et 39% contre 46% et 35%. Par ailleurs, les artisans-commerçants et les agriculteurs comptent dans leurs rangs une majorité de propriétaires ; leur logement est très souvent situé sur leur lieu de travail.

Les couples de plus en plus propriétaires

En région comme au plan national, les couples, avec ou sans enfants, sont les grands accédants à la propriété de ces cinquante dernières années. Dans la région, trois couples sur quatre sont propriétaires de leur logement en 2014, alors qu’ils étaient moins d’un sur deux en 1968, soit une progression de 30 points. Le développement du travail féminin a permis aux couples de bénéficier de deux revenus : en 2014, dans la région, 85% des femmes âgées de 25 à 59 ans déclarent travailler ou rechercher un emploi contre 43% en 1968. Désormais, près de la moitié des personnes seules sont aussi propriétaires de leur logement, même si la progression de la propriété est plus faible pour elles que pour les couples. À l’opposé, les familles monoparentales comptent de moins en moins de propriétaires, le taux de propriétaires restant néanmoins supérieur au niveau national. Ces familles disposent de revenus modestes, plus faibles que celui des couples : en 2015, dans la région, 15 000 € par an et par unité de consommation contre 20 000 €. Par ailleurs, la séparation au sein des couples entraîne la décohabitation et la recherche d’un nouveau domicile, ce qui favorise le retour à la location soit pour l’un, soit pour les deux ex-conjoints.

L’accès à la propriété augmente dans tous les départements

C’est en Saône-et-Loire que la propriété s’est le plus développée. La part de ménages propriétaires progresse de 20 points : le territoire enregistre la troisième plus forte hausse des départements métropolitains entre 1968 et 2014. La croissance de la propriété est également plutôt soutenue dans le Doubs, le Territoire de Belfort et la Nièvre. Dans le Doubs et le Territoire de Belfort, le taux de propriétaires en 1968 était assez faible, proche de la moyenne nationale. Depuis un rattrapage a eu lieu : on est passé de 35-40% en 1968 à 55-59% en 2014. Dans la Nièvre, la présence d’une population plus âgée ainsi que l’installation de retraités franciliens favorisent la propriété. En Haute-Saône, dans l’Yonne et le Jura, la croissance du taux de propriétaires est plus modérée, de 14 à 15 points. Dans ces départements en 1968, la moitié au moins des ménages étaient déjà propriétaires de leur résidence principale. En Côte-d’Or, l’évolution du taux de propriétaires est la plus faible de la région. Le contexte est moins favorable en raison notamment des prix plus élevés de l’immobilier ; par ailleurs la population plus jeune de l’agglomération de Dijon, étudiants et jeunes actifs, n’a ni la situation ni des moyens financiers suffisants pour acquérir un logement. En 2014, dans les départements plus ruraux et dont la population est plus âgée, la Nièvre, l’Yonne, la Haute-Saône et le Jura, les deux tiers des ménages sont propriétaires. En revanche, la population plus jeune et plus urbaine de la Côte-d’Or, du Doubs et du Territoire de Belfort est davantage locataire. Dans les communes de Belfort, Besançon et Dijon qui concentrent la population et les ensembles locatifs, la propriété ne concerne que de 33 à 41% des ménages.

Propriétaires : des logements plus grands pour des ménages plus petits

Un appartement plus grand, plus de pièces, une maison en périphérie de la ville avec un jardin, l’installation de chaque enfant dans une chambre… L’augmentation du niveau de vie rime avec confort et bien-être. En effet, en Bourgogne-Franche-Comté, la taille moyenne des logements occupés par leur propriétaire est passée de 3,9 pièces en 1968 à 4,8 pièces en 2014, alors que la taille moyenne des ménages est passée de 3,1 à 2,3 personnes, en raison de la baisse de la fécondité et du phénomène de décohabitation. La salle de bain est devenue une pièce standard ; moins d’un logement sur deux en était équipé il y a encore 50 ans. En 2014, plus de la moitié des logements comportent au moins 5 pièces. Les logements de 1 à 2 pièces ne représentent désormais qu’une faible part des logements occupés par leur propriétaire (4%). Ce besoin de confort va de pair avec la préférence pour la maison individuelle. En Bourgogne-Franche-Comté, neuf propriétaires sur dix résident dans une maison en 2014. La maison est prisée tout particulièrement par les couples avec enfants. La construction de maisons individuelles s’est fortement développée à partir des années 70, début du phénomène de périurbanisation. Des lotissements sont apparus en couronne des villes, offrant des opportunités à un coût moins élevé, ainsi qu’une plus grande qualité de vie pour la famille. En revanche, les locataires s’orientent toujours majoritairement vers les appartements. La taille moyenne de leurs logements n’a guère évolué, en moyenne 3 pièces.

(texte Insee, Frédéric Biancucci, Xavier Tribout)