
Martial Bourquin, Maire d’Audincourt, communique :
« Le jeudi 27 mars 2025 à 14h00 se tiendra une réunion cruciale sur l’avenir de la cancérologie à Montbéliard. Dans le cadre de mes fonctions de Vice-Président à l’UNCCAS, je serai en déplacement pour son congrès à Chambéry et je ne pourrai donc pas y assister. Je le regrette vraiment. Mais qu’on ne s’y trompe pas : mon engagement sur ce dossier est total. Il ne s’agit pas d’une simple réunion, mais d’un combat essentiel pour la préservation d’un service vital pour notre territoire, pour l’avenir de la cancérologie à Montbéliard. Une bataille qui engage notre responsabilité collective face à un système de santé en crise et à des choix politiques qui mettent en péril l’accès aux soins pour les habitants du Pays de Montbéliard.
Le 28 octobre 2022, l’Hôpital Nord Franche-Comté annonçait un projet de transfert du service d’oncologie du Mittan vers Trévenans. Une décision brutale, déconnectée des réalités du terrain, provoquant l’incompréhension et l’indignation des habitants, des patients, des soignants et bien-sûr des élus. Pourtant, nous le savons tous : ce service est reconnu pour son excellence, la qualité et l’humanité de sa prise en charge. Le déplacer, c’est fragiliser un pilier essentiel de notre offre de soins, avec des conséquences dramatiques pour les patients comme pour les professionnels de santé.
L’incompréhension est d’autant plus grande que cette décision s’inscrit dans un contexte de crise hospitalière aiguë. L’HNFC est sous dimensionné : dès l’ouverture, il accusait un déficit de 200 lits. Le service des urgences est saturé. Les départs de soignants se multiplient et des lits restent fermés faute de personnel. La loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 prévoit encore des coupes budgétaires fragilisant davantage les hôpitaux publics.
Comment ne pas s’inquiéter lorsque l’on voit nos services de médecine générale et de gériatrie fermer des lits, lorsque l’on assiste, impuissants, à la désintégration de la psychiatrie et aux files d’attente indignes des urgences ? Comment accepter que l’on détricote, jour après jour, notre système de soins au détriment toujours des plus vulnérables, sur un territoire déjà fragilisé par le vieillissement de sa population, la désindustrialisation et l’augmentation de la pauvreté.
Trois années se sont écoulées depuis la mobilisation populaire de 2023. Trois années durant lesquelles l’ARS et l’HNFC ont joué la montre, retardant les décisions, laissant se dégrader inexorablement la situation. Jeudi, les conclusions d’un audit commandé en 2023 nous serons enfin présentées. Mais quelle crédibilité leur accorder quand le plan Ségur lui-même n’est pas financé ? Quand l’absence de volonté politique condamne peu à peu notre centre de cancérologie à l’obsolescence ?
Le risque est immense. D’une position d’excellence, le Mittan pourrait glisser vers un état de relégation, devenant un établissement de seconde zone, faute d’investissements dans la recherche, faute d’équipements modernes pour les nouvelles thérapies. Et pourtant, les collectivités sont mobilisées. Des solutions existent. La ville de Montbéliard propose des terrains pour une extension, une rénovation des infrastructures. L’ARS persistera-t-elle dans son refus d’entendre les besoins de notre territoire ?
Le refus, en décembre dernier, de l’implantation d’un centre d’imagerie lourde à Montbéliard est un très mauvais signal. Désormais, un patient devant passer un scanner doit attendre plusieurs mois. Ceux qui le peuvent se rendent à Besançon, Valdahon, Baume-les-Dames ou Pontarlier. Les autres, faute de moyens ou d’information, attendent… parfois trop longtemps.
La Franche-Comté reste sous-équipée. Huit PET Scan en Bourgogne, mais seulement trois en Franche-Comté. Deux à Besançon, un à l’HNFC. Et le Pays de Montbéliard ? Un scanner, une IRM contre deux scanners et quatre IRM pour Belfort pour une population de 140 000 habitants soit 35 000 habitants de moins que la population de PMA. Comment ne pas s’alarmer de cette situation face à l’augmentation de l’incidence de certains cancers chez les enfants et les jeunes adultes, comme en témoignent plusieurs publications scientifiques récentes ? Sommes-nous et serons-nous capables d’assurer une prise en charge précoce et efficace de ces nouveaux patients ?
Ne soyons pas dupes! La perte de cet équipement d’imagerie à Montbéliard n’est pas une simple décision administrative. C’est une étape de plus dans un processus de fragilisation organisé. Car demain, cette carence servira d’argument pour justifier le transfert de l’oncologie et affaiblir encore davantage notre offre de soins.
Face à cette situation, nous refusons la fatalité. Nous refusons la lente dégradation de notre système de santé. Nous exigeons des engagements clairs et fermes : le maintien du service d’oncologie sur le site du Mittan, accompagné d’un projet d’extension ; des ressources financières pour l’acquisition d’équipements innovants, indispensables aux nouvelles thérapies en oncologie ; un programme ambitieux de recherche fondamentale et appliquée, afin de faire du site du Mittan une référence d’excellence. L’avenir de notre hôpital, de nos soignants, de nos patients, est en jeu. Et nous ne céderons pas« .