Audincourt parraine le village de Lhobasha au Tibet

(photo Olivier Adam Photography / audincourt.fr)

Dans le cadre de la manifestation « Faites la Paix », la Ville d’Audincourt s’est engagée à parrainer le village de Lhobasha au Tibet. Ne pas être confrontés directement au monde lointain et aux tragédies qui s’y produisent permet de conserver une certaine idée du bonheur mais dans chaque pays du monde, les hommes et les femmes aspirent à plus de paix, de compréhension et de liberté. Un proverbe tibétain dit : « bavardage est écume sur l’eau, action est goutte d’or ». La municipalité d’Audincourt a donc souhaité samedi 26 septembre, privilégier l’action à la parole et aller au-delà de l’écume. Afin de s’inscrire dans un soutien constructif au peuple tibétain qui lutte pour sa survie et la préservation de sa culture, le conseil municipal d’Audincourt a décidé de parrainer le village de Lhobasha, au Tibet.

A cette occasion, la Ville d’Audincourt a invité Ama Adhe, une militante tibétaine qui représente le combat de la vérité contre le mensonge, de la non-violence contre la violence, de la démocratie contre un régime autoritaire, de la justice contre l’injustice et de la liberté contre la privation de liberté. Ama Adhe est selon ses propres mots « la voix qui se souvient de tous ceux qui n’ont pas survécu ». Malheureusement, elle n’a pu être présente pour célébrer ce parrainage, mais voici son histoire :

Ama Adhe a passé un peu plus d’un tiers de sa vie en prison. La fervente militante a passé 27 ans en captivité pour avoir participé à des manifestations contre l’invasion chinoise du Tibet. Elle a déjà publié un livre sur sa terrible épreuve intitulée « La voix qui se souvient : l’histoire de la lutte d’une femme pour le Tibet Libre », et décrit l’expérience comme étant « pire que l’enfer ».

Née dans le village de Ghortsa, Nyarong, Kham, Ama Adhe était une épouse et une mère avant que son mari décède à l’âge de 26 ans, en 1958. Dans une récente interview, elle décrit son mari comme une « sorte de trublion » pour leurs oppresseurs chinois et croit qu’il a été empoisonné. Peu de temps après cette tragédie, sa sœur a été arrêté par les autorités chinoises avant d’être publiquement humiliée et exécutée sur une place publique afin « de donner l’exemple » à d’autres rebelles.

Plusieurs mois après, elle a été arrêtée aux côtés de 300 autres femmes pour avoir protesté, elle a décrit la période comme le « pire moment » dans le pays. De tous les prisonniers, quatre seulement ont survécu à l’épreuve, 296 sont morts en captivité. Elle décrit le supplice subi : « On m’a emmené dans huit prisons différentes au Tibet et en Chine au cours de ma période d’emprisonnement. Le moment le plus difficile était les trois premières années de prison à Inganse. Nous n’avions pas à manger, juste du maïs écrasé dans beaucoup d’eau. Beaucoup de gens sont morts de faim. Nous avons mangé les semelles de nos chaussures. Nous avions tellement faim ».

Quand elle a finalement été libérée, le monde avait changé, ce ne fut pas le Tibet qu’elle avait vécu et aimé. Son fils était mort et sa fille était une étrangère. Adhe a admis initialement se sentir plus proche de ses codétenus. Deux ans après sa libération en 1987, elle a fui au Népal avant d’atteindre Dharamsala, en Inde, l’année d’après, où elle est restée depuis.

Elle décrit sa détermination à propager son récit, elle a dit : « Quand j’ai rencontré Sa Sainteté (le Dalaï Lama), il m’a dit que je ne devais pas mentir ou être en colère envers les Chinois. J’avais seulement besoin de dire la vérité, et cette seule vérité nous soutiendra ».

L’histoire d’Adhe est d’une grande détermination, mais beaucoup d’autres dans sa situation ne sont pas aussi chanceux et les changements doivent se produire. Lorsqu’on lui a demandé comment elle a survécu, elle répond que c’était grâce à la prière quotidienne. Actuellement, elle réside toujours à Dharamsala. Le traitement et les conditions subies par les prisonniers par le gouvernement chinois sont atroces et inhumains. Des centaines sont détenus dans la misère et la torture est répandue selon des témoignages de prisonniers ex-politiques. Nous ne pouvons estimer combien sont morts pour leur voix légitime pour la liberté.