Tentative de meurtre à Montbéliard : un « commando » de très jeunes auteurs

Photo d'illustration (photo Tribunal Judicaire de Montbéliard)

Point d’étape ce jeudi 4 décembre 2025 à Montbéliard, où le Procureur de la République Paul-Edouard Lallois a livré un exposé complet sur l’enquête ouverte après les faits de la nuit de dimanche à lundi dans le quartier de la Petite-Hollande. Il a notamment décrit un « commando constitué de cinq très jeunes hommes« , dont deux mineurs de 14 ans, interpellés moins de deux heures après l’attaque.

Chronologie des faits

Selon les éléments rappelés par le Procureur, les faits se sont déroulés entre 23h00 et 23h30 dimanche. Un habitant de Montbéliard, né en 2001, rentre à son domicile à bord de son véhicule. Alors qu’il manœuvre sur le parking de son immeuble, il se retrouve bloqué par un véhicule Peugeot 3008 gris. « Ensuite les événements se passent de manière très rapide« , explique le Procureur. Plusieurs individus descendent du véhicule. L’un d’eux frappe la vitre avant passager « avec ce qu’il décrit comme étant une arme longue« , avant un premier tir qui brise la vitre.

La victime, blessée notamment à l’épaule et à la cuisse par des éclats métalliques, parvient à fuir, alerte le 17 puis les secours. « À aucun moment il n’a été fait état d’un pronostic vital engagé« , insiste Paul-Edouard Lallois, invitant à la prudence quant aux informations initialement relayées par certains services d’intervention.

Constatations techniques et nature de l’arme

Les policiers découvrent sur place un étui de calibre 243 Winchester Remington. « C’est du calibre de chasse« , précise le Procureur, rappelant qu’il peut être confondu avec des calibres tirés par des armes de type AK-47. Les constatations menées sur le véhicule de la victime révèlent des impacts et des fragments métalliques attestant d’au moins deux tirs. L’arme n’a pas été retrouvée, mais un chien spécialisé a marqué à deux reprises le coffre du 3008, laissant supposer qu’elle y avait été transportée.

Une interpellation rapide grâce à l’échange d’informations

Dans la nuit, une équipe du commissariat de Belfort intervient pour un tapage dans les parties communes d’un immeuble de Danjoutin. Cinq jeunes y sont contrôlés. Les policiers découvrent une clé de véhicule Toyota correspondant en réalité au Peugeot 3008 stationné devant l’immeuble, ainsi qu’une munition de calibre 243 Winchester dans un vêtement. « Des éléments qui peuvent paraître anodins mais qui vont s’avérer déterminants« , souligne le Procureur.

Le parquet de Belfort avise immédiatement celui de Montbéliard et se dessaisit. Les cinq garçons, trois majeurs et deux mineurs, sont placés en garde à vue pour tentative de meurtre en bande organisée, association de malfaiteurs criminelle et détention de munitions de catégorie C.

Paul Mangin, Commissaire de police de Montbéliard, insiste sur « la réactivité de la réponse policière« . Il indique : « Nous arrivons en trois minutes après l’appel de la victime ; une quinzaine de policiers sont mobilisés la première heure. La synergie entre les polices du Doubs et du Territoire de Belfort a permis l’interpellation du groupe en un peu plus d’une heure« .

Organisation d’un commando

Le Procureur décrit un fonctionnement proche de précédents dossiers de « contrats criminels ». « On est à mon sens dans un spectre similaire« , indique-t-il. Selon les déclarations recueillies, le groupe serait parti de Besançon, aurait récupéré un cinquième membre à Danjoutin, avant de se rendre directement à la Petite-Hollande. « Il me paraît assez peu probable que ce soit le fruit du hasard« , estime-t-il, évoquant la possibilité d’une cible identifiée à l’avance. Il explique : « Classiquement, dans ce type de contrat, s’il y a un tireur, il y en a un qui est chargé de constituer les preuves de l’exécution du contrat, c’est-à-dire un qui doit filmer« . Le commanditaire n’a pas été identifié à ce stade.

Profils des mis en examen

Les trois majeurs, nés en 2001, 2002 et 2005, sont tous connus de la justice. L’un, domicilié à Belfort, a déjà sept condamnations, principalement pour stupéfiants, et faisait l’objet d’une interdiction de séjour dans le département. Un autre, né en 2001, compte quatorze mentions à son casier, dont des condamnations pour violences avec arme et trafic de stupéfiants. Le troisième, né en 2005, a été condamné pour participation à un trafic de stupéfiants.

Les deux mineurs de 14 ans présentent des profils différents. L’un, d’origine serbe, était déjà suivi par la justice bisontine pour détention d’un pistolet automatique, munitions et mises en danger par tirs. Placé en foyer dans le Centre-Val-de-Loire, il avait fugué en novembre. L’autre mineur n’était pas connu de la justice avant les faits.

Un risque de pression et de représailles

Sur les déclarations recueillies lors des gardes à vue, le Procureur se montre volontairement prudent : « Nous sommes dans une procédure dans laquelle les risques de pression et de représailles sont manifestement très importants« . Certains mis en cause ont nié toute participation, d’autres ont livré des éléments partiels ou évolutifs. La victime, elle, affirme ne pas connaître ses agresseurs et ne disposer d’aucun lien pouvant expliquer qu’elle soit ciblée.

Ouverture d’une information judiciaire

Les cinq jeunes ont été présentés au juge d’instruction mercredi et mis en examen pour tentative de meurtre en bande organisée et association de malfaiteurs criminelle. Tous ont été placés en détention provisoire. « S’il y a un tireur, tous les autres sont coauteurs« , rappelle le Procureur, estimant que chacun a participé à l’action collective du groupe. L’instruction devra désormais éclaircir les rôles précis et identifier le commanditaire. L’enquête se poursuit.

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