Reconstitution d’un assassinat de Seloncourt : six heures d’opérations pour retracer le déroulement des faits

Photo d'illustration (photo Adobe Stock / Jérôme Aufort)

Une reconstitution judiciaire s’est déroulée ce mardi 22 octobre 2025 à Seloncourt (notre info « Une rue de Seloncourt fermée pour raisons judiciaires« ), sous l’autorité du juge d’instruction chargé de l’enquête sur l’assassinat commis le 5 novembre 2024 dans la commune (notre info « Un mort dans une fusillade à Seloncourt« ). Cette procédure, ouverte il y a près d’un an, vise à établir la chronologie exacte des faits et à confronter les différentes versions recueillies.

Selon Paul-Edouard Lallois, Procureur de la République de Montbéliard, « cette reconstitution avait pour objectif de reprendre la chronologie des événements juste avant que le mis en examen ne fasse feu sur la victime« . L’opération a duré près de six heures et s’est déroulée en présence du procureur, des avocats du mis en examen et des parties civiles, ainsi que d’un expert en balistique et du médecin légiste ayant procédé à l’autopsie.

Une première phase consacrée aux témoignages

Le premier temps de la reconstitution s’est tenu dans le commerce où le mis en examen se trouvait juste avant les faits, un restaurant kebab situé au bord de la rue à Seloncourt. Le Procureur précise que « le mis en examen s’était rendu dans ce commerce, venait de s’asseoir et de commander un repas, lorsqu’il en est ressorti assez rapidement au moment où la victime arrivait à bord de son véhicule« .

Cette première partie a permis au juge d’instruction de confronter la version du mis en examen à celles des deux témoins présents sur place, la gérante et le cuisinier du restaurant. « Les uns et les autres avaient des explications divergentes sur certains points de détail« , explique Paul-Edouard Lallois, « l’intérêt de la reconstitution était précisément de confronter ces divergences avec les enregistrements de vidéosurveillance, issus à la fois de la commune et de commerces voisins, notamment un bar-tabac situé juste à côté« .

La reproduction des faits sur les lieux du drame

La deuxième phase de l’opération a porté sur la reconstitution du moment des tirs. Le véhicule de la victime, placé sous scellés depuis les faits, a été acheminé sur place par un garagiste et replacé sur la chaussée à l’endroit exact où la victime avait été atteinte, tel que le montrent les images de vidéosurveillance.

Le Procureur détaille : « Le juge d’instruction a demandé au mis en examen de reproduire les gestes qu’il a effectués lorsqu’il a fait feu en direction de la victime avec l’arme de poing dont il était en possession. Le mis en examen s’est toutefois refusé à reproduire ces actes, invoquant un traumatisme personnel« .

Afin de poursuivre les opérations, un élève gardien de la paix de l’École Nationale de Police de Montbéliard a été désigné pour figurer le rôle du mis en examen, tandis qu’un autre élève incarnait la victime. « L’École Nationale de Police a participé activement à la reconstitution, ce qui a permis de mener à bien cette opération exceptionnelle dans des conditions de sécurité optimales« , souligne le procureur.

Les gestes, les distances et les directions de tir ont été reproduits sous la supervision de l’expert en balistique et du médecin légiste. Un mannequin a ensuite été utilisé pour vérifier les trajectoires et tenter de déterminer le nombre exact de tirs. « Plusieurs éléments balistiques ont été retrouvés« , confirme Paul-Edouard Lallois, « l’objectif était d’évaluer combien de tirs ont effectivement atteint la victime et avec quelles trajectoires« .

Un dispositif important au centre-ville de Seloncourt

Ces opérations ont nécessité un dispositif de sécurité conséquent. « Une partie du centre-ville de Seloncourt a dû être mobilisée, avec barriérage et interruption temporaire de la circulation« , précise le Procureur de la République. Plusieurs policiers et élèves gardiens de la paix ont été mobilisés pour assurer la sécurité du site et participer aux reconstitutions.

Le mis en examen maintient sa position

À l’issue de la reconstitution, le mis en examen est resté sur sa version initiale. « Il ne conteste pas être l’auteur des tirs envers la victime« , indique Paul-Edouard Lallois, « mais il maintient qu’il aurait été contraint de faire feu, estimant avoir été menacé auparavant par la victime« . Le procureur ajoute que « cette version n’est toutefois pas étayée par les éléments matériels de l’enquête, aucune arme n’ayant été retrouvée en possession de la victime« .

Selon le mis en examen, la rencontre avec la victime ce jour-là n’aurait pas été prévue. Il affirme qu’il s’agirait d’un hasard si la victime est passée devant le restaurant où il se trouvait.

Une étape clé dans la recherche de la vérité

« Ces opérations, qui ont duré près de six heures, sont un acte essentiel à la manifestation de la vérité« , souligne le Procureur de la République. L’enquête se poursuit désormais sous la direction du juge d’instruction.

L’un des principaux enjeux de la procédure reste de déterminer si les faits ont été prémédités. « Si le mis en examen reconnaît avoir tiré, il nie toute préméditation. Or, plusieurs éléments laissent à penser qu’il pourrait y avoir eu une préparation en amont, notamment le fait qu’il était armé ce jour-là, sans pouvoir l’expliquer autrement que par une prétendue crainte de croiser la victime« , précise Paul-Edouard Lallois.

La reconstitution de Seloncourt constitue une étape importante de cette procédure criminelle. Les conclusions des experts et les analyses du juge d’instruction permettront d’affiner la compréhension des faits et de préciser les responsabilités dans cette affaire qui a profondément marqué la commune.

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