Pour nombre de Francs-Comtois, prononcer le nom de « Franche-Comté » quand ils parlent de leur Région leur est tellement familier qu’ils ne se sont jamais vraiment posés la question de savoir d’où pouvait venir cette dénomination. Mais, quand on y réfléchit, le nom de notre petite Patrie, prononcé ou écrit par eux dès l’enfance, est plutôt insolite dans la France actuelle. Nous allons voir pourquoi avec l’auteur Jean-Claude Périat.
La Franche-Comté une exception parmi les autres régions françaises
« A ma connaissance, aucune des autres anciennes Provinces formant la France actuelle, n’a conservé dans son appellation officielle de terme pouvant rappeler une dénomination médiévale« , selon Jean-Claude Périat. Ainsi, les mots suivants : baronnie, comté, duché, évêché, vicomté etc… datant de l’époque monarchiste ont été supprimés dans la dénomination régionale actuelle. En revanche, pour la Franche-Comté, son appellation remontant à l’époque féodale a entièrement été maintenue jusqu’à nos jours. Le respect de sa dénomination a même été poussé jusqu’à garder à « Franche-Comté » le genre féminin qui lui était habituel au Moyen-Age. Chapeau bas à nos ancêtres comtois pour avoir gardé intacte, au fil des siècles, cette particularité linguistique faisant de notre Franche-Comté une région atypique.
Origine de la dénomination Franche-Comté
Cette nouvelle appellation de Franche-Comté, orthographiée d’ailleurs « France-Comté », a été découverte par Auguste Castan, notre grand érudit bisontin, sur une charte datant de l’année 1366. Cette nouvelle dénomination n’est devenue officielle qu’en 1478, certainement du fait de sa reprise, d’abord par le Duc bourguignon Philippe le Bon, notre Comte souverain à l’époque de la réunion passagère des Deux Bourgognes. Puis par le Roi de France Louis XI. Dès lors, cette nouveauté linguistique a réussi à supplanter le nom officiel de Comté de Bourgogne. Aussi bien dans les documents officiels que dans le langage courant.
Une telle réussite linguistique est due bien sûr à nos élites, mais aussi à nos bourgeois ainsi qu’au menu peuple comtois. Elle fut aidée, sans doute, par le fait qu’avec cette nouvelle appellation de Franche-Comté, disparaissait le terme qui dans l’ancienne dénomination faisait constamment référence à la Bourgogne et nous confondait avec le Duché du même nom ! Ainsi, la disparition de ce terme ne pouvait que renforcer notre fierté d’appartenir à cette « Petite Nation des Monts-Jura » si chère au grand historien que fut Lucien Febvre.
Propositions sur l’origine de Franche dans Franche-Comté
Quant à l’apparition de « Franche » dans Franche-Comté, les historiens se querellent (bien pacifiquement) encore sur son origine possible. Pour certains, il viendrait du fait que Renaud III de Bourgogne notre Comte souverain, voulant se rendre indépendant de l’Empereur germanique son suzerain, refusa tout net de lui rendre hommage. Pour cet acte d’insoumission il fut qualifié de « Franc » Comte. De là, il n’y avait qu’un pas à franchir pour que ce surnom comtal fut transmis à son territoire.
Pour d’autres, l’emploi de « Franche » viendrait plutôt du fait que la Comtesse Marguerite, d’heureuse mémoire, dans une charte adressée au Comte de Montbéliard, qualifia de « France-Comté » une partie de l’ancien territoire des Varasques dite « Terre de Varais » tout simplement parce qu’il n’y eu jamais de mainmorte. « France-Comté », car la Comtesse Marguerite étant originaire des Flandres (Pays-Bas bourguignons) ou la lettre « C » en français était prononcée « Ch » cela peut expliquer cette graphie de « France » au lieu de « Franche » dans sa charte. Dès lors, l’appellation Franche-Comté, se serait généralisée à l’ensemble du territoire de la Province.
Ou encore du fait que la Franche-Comté était exemptée de taxes douanières envers le Saint Empire Romain Germanique dont elle faisait partie. Ou, pour en terminer, parce que notre Parlement de Dole était seul habilité à fixer puis à répartir les impôts !
Conclusion
« C’est à vous qui m’avez fait l’honneur de me lire jusqu’au bout, de vous faire votre propre opinion sur l’une des origines possibles de l’emploi de «Franche» dans le beau nom de Franche-Comté. Pour ma part, j’ai choisi la version de « Franche » qui a l’immense mérite à mes yeux d’avoir été écrite sur la charte de la Comtesse Marguerite !« , conclut Jean-Claude Périat.
