Géraldine Grangier : « Fin de vie, nous devons rester la nation du soin, pas de l’abandon »

Géraldine Grangier (photo Géraldine Grangier)

Géraldine Grangier, Députée Rassemblement National de la 4ème circonscription du Doubs, communique :

« Aider, accompagner, soigner, aimer jusqu’au bout : c’est au nom de ces principes que je me suis opposée, en conscience et avec gravité, au projet de loi légalisant le suicide assisté et l’euthanasie, adopté en première lecture ce mardi 27 mai à l’Assemblée nationale. Il n’y a pas de liberté sans égalité ni fraternité. Il ne peut y avoir d’égalité sans égalité devant la douleur. Il ne peut y avoir de fraternité sans fraternité devant la mort.

Notre société ne se définit pas seulement par ce qu’elle autorise, mais d’abord par ce qu’elle protège. Si la loi de 2016 sur les soins palliatifs avait été effectivement appliquée sur tout le territoire, nous n’en serions pas réduits aujourd’hui à légiférer sur la mort assistée. Ce texte marque un tournant funeste, où l’on propose aux Français de choisir leur mise à mort, faute d’avoir reçu l’aide, l’écoute et le soin auxquels ils avaient droit.

Aider, accompagner, soigner, soulager, écouter, comprendre, rassurer, tenir la main jusqu’au bout, être présent, aimer, faire vivre et protéger : voilà le rôle fondamental que notre société devrait pleinement assumer. À la souffrance insupportable, nous devons répondre avec humanité, non par la suppression de la vie, mais par la suppression de la douleur.

J’ai voté en faveur de la proposition de loi visant à garantir l’accès aux soins palliatifs – texte unanimement adopté – car je crois profondément à une médecine du lien, humaine et indispensable. Mais dans les faits, l’offre reste dramatiquement insuffisante : 21 départements n’ont toujours pas d’unité de soins palliatifs. Chaque jour, près de 500 personnes meurent sans avoir reçu les soins d’accompagnement qu’elles méritaient. Le vrai progrès, c’est de leur donner accès à ces soins essentiels.

Le texte sur « l’aide à mourir » a été voté dans une atmosphère tendue, sous pression, dans une ambiance indigne d’un tel sujet. J’ai entendu des invectives, des caricatures, de l’agressivité contre ceux qui, comme moi, s’opposaient à cette loi pour des raisons profondément humanistes et responsables.

Pourquoi renoncer à la vie par manque de soins ? Voulons-nous vraiment d’une société où l’on propose la mort aux plus vulnérables — personnes âgées, handicapées, malades psychiques — faute de mieux ? Les dérives observées dans d’autres pays ne sont pas des fantasmes : Belgique : 3 420 euthanasies en 2022 (contre 2 352 en 2002) ; Pays-Bas : 8 720 en 2022 (contre 1 882 vingt ans plus tôt) ; Canada : 15 543 en 2023 (contre 1 018 en 2016). Appliquées à la France, ces proportions pourraient représenter 30 000 à 35 000 cas par an. Ce qui était présenté comme un ultime recours devient une norme.

Le rôle du médecin n’est pas de tuer, mais de soulager. C’est le cœur battant de notre humanité. Un tel sujet aurait dû faire l’objet d’un référendum national. Il est inadmissible que des décisions aussi fondamentales soient prises sans la consultation directe des Français. Derrière les sondages se cachent des visages, des familles, des douleurs. J’ai reçu des centaines de messages de citoyens inquiets, bouleversés, me suppliant de voter contre. La France est la Nation du soin. Elle doit le rester pour ne pas devenir celle de l’abandon« .