Martial Bourquin : fin des CCAS ? « Choisissons la cohésion sociale »

Martial Bourquin (photo Ville d'Audincourt)

Martial Bourquin, Maire d’Audincourt et Vice-président de l’UNCCAS (Union Nationale des Centres Communaux d’Action Sociale), communique :

« Dans le cadre de la mission Roquelaure sur la simplification de l’action sociale, le gouvernement envisage de supprimer l’obligation faite aux communes de créer un CCAS. Ce projet représente un recul majeur pour la politique sociale que nous menons depuis des décennies.  Comment peut-on imaginer une France sans CCAS ? Ce serait renoncer à l’une des dernières digues de la République sociale, alors que nous célébrons les 80 ans de la mise en œuvre des premières mesures du Conseil National de la Résistance, comme la Sécurité Sociale.

Partout sur nos territoires, les CCAS sont les visages de la solidarité du quotidien : ce sont eux qui s’occupent des personnes âgées, accompagnent les plus fragiles, orientent celles et ceux qui en ont besoin. À Audincourt, le CCAS suit environ 500 personnes. Nous allons vers ceux qui n’osent pas demander. Nous faisons du lien, nous donnons du sens.

Dans le Pays de Montbéliard, environ 20 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. La précarité gagne du terrain, touchant les retraités, les travailleurs pauvres, les femmes seules. Ce n’est pas le moment d’affaiblir les outils de la solidarité. Ce n’est pas en brouillant les responsabilités, en cassant les parcours d’insertion, en complexifiant les démarches, qu’on simplifie quoi que ce soit. Cette réforme n’est pas une simplification, mais une fragilisation de notre société. Si le gouvernement souhaite agir avec efficacité, qu’il ait le courage de chercher l’argent là où il se trouve réellement. Une taxation des dividendes versés aux grands actionnaires suffirait à résoudre bien des problèmes.

Comme trop souvent, ces annonces sont tombées sans consultation de l’Unccas, qui représente pourtant l’ensemble des CCAS de France. Celle-ci a demandé, solennellement, l’ouverture d’un véritable dialogue. Il est encore temps d’entendre cette voix. Oui, bien sûr, il faut adapter, moderniser, mieux coordonner. Mais pas au prix de l’abandon. Pas en sacrifiant le seul filet de sécurité dont tant de familles dépendent.

D’autres pistes existent : l’automaticité des droits, comme cela se pratique ailleurs en Europe, ou encore la mutualisation des CCAS de petites communes en CIAS, à condition qu’elle soit accompagnée, jamais imposée. Mais aujourd’hui, la priorité est claire : préserver l’obligation d’avoir un CCAS. Ne restons pas silencieux, ne nous rendons pas complices d’un recul historique. La solidarité n’est ni un coût ni une charge. C’est la fondation sur laquelle notre République tient encore debout. Élus, soyons tous mobilisés pour sauver l’obligation d’avoir un CCAS. Faisons le choix de la cohésion sociale !« .