Martial Bourquin : « Santé toujours debout »

Martial Bourquin (photo Ville d'Audincourt)

Martial Bourquin, Maire d’Audincourt, communique :

« Ce vendredi 11 avril 2025, le Directeur général de l’ARS Bourgogne-Franche-Comté rencontrera les présidents des EPCI de l’Aire urbaine. C’est une démarche utile, mais incomplète. Car pour comprendre vraiment ce qui se joue sur le terrain, il faut aller là où le système vacille : dans les communes, auprès des élus de proximité, auprès de celles et ceux qui voient la réalité se dégrader, jour après jour.

Les maires, notamment, sont en première ligne. Ce sont les témoins directs d’une détresse médicale grandissante. Ils portent la voix des quartiers silencieux, des urgences qui ne crient plus, des médecins à bout de souffle, des patients sans solution. Monsieur le Directeur, on ne change pas le réel sans l’avoir regardé en face. Et pour cela, il faut écouter ceux qui le vivent.

Ecouter, par exemple, Denis Arnoux, Maire de Pont-de-Roide, qui a vu trois médecins partir pour Clerval, à vingt minutes de là, pour des raisons fiscales. Écouter les maires de Bavans ou de Montenois, confrontés à la fuite de leurs praticiens vers Arcey.

Écouter les élus, les médecins engagés comme le Dr Renaud Fouché, qui a contribué à ‘installation de 31 praticiens en cinq ans, ou le Dr Beuret, porteur d’initiatives locales pour attirer de jeunes internes comme la création d’un cabinet éphémère.

Pour ma part, je vous parlerais de notre centre municipal de santé, fruit d’un long combat administratif, et de nos efforts pour maintenir la maison médicale de garde du Pays de Montbéliard en lien avec l’ARS. Je vous parlerais aussi de notre partenariat avec la CPTS Grand Montbéliard pour lancer le projet du médico-bus. Tout cela dessine une autre réalité: celle d’un territoire qui se bat, qui invente, qui refuse la fatalité.

Ne vous trompez pas! Ce n’est pas la complainte du Pays de Montbéliard. C’est une résistance. Celle de 175 000 habitants qui voient leur offre de soins fondre comme neige au soleil. Une population combative, respectueuse des institutions, mais lassée d’être ignorée. Depuis 2022, avec l’annonce du transfert du service d’oncologie vers l’Hôpital Nord-Franche-Comté (HNFC), nous avons le sentiment d’un processus de démantèlement insidieux.

L’exemple de l’imagerie lourde en est une illustration criante. L’attribution contestée de deux IRM et d’un scanner au GIE, avec un délai de mise en œuvre de deux ans – renouvelable sans explication – n’a pas été comprise. Aujourd’hui encore, aucun chantier n’a commencé. Le projet concurrent de la CIMRAD était plus ambitieux: mieux équipé, plus rapide à déployer, mieux adapté à notre territoire.

Les récentes inaugurations à Besançon témoignent de leur efficacité. Les choix du GIE, dont le 5ème IRM reste non opérationnelle et dont les retours patients sont inquiétants, a nourri une colère légitime. Ce choix dessert clairement notre territoire.

Le rapport attendu maintient, sans surprise, le transfert de l’oncologie au HNFC. Mais comment justifier cela alors que cet hôpital multiplie les plans blancs, que les soignants partent, que les lits ferment, et que les urgences sont saturées ? Le territoire est déjà sous-dote. Va-t-on vraiment lui retirer ce qui fonctionne bien ? Il est temps de poser les bonnes questions: pourquoi les médecins fuient-ils l’HNFC Pourquoi l’ARS prend-elle des décisions sans consulter ceux qui vivent ici ?

Mais au-delà des constats et des incompréhensions, il faut maintenant ouvrir la voie des réponses. Et pour cela, des solutions concrètes existent. Elles passent par l’attractivité des territoires, par la création d’antennes universitaires en zone sous-dotée, par le soutien durable aux assistants médicaux, par la modernisation des maisons médicales de garde avec des équipes pluridisciplinaires, par l’encouragement aux pratiques mixtes.

Voilà ce que nous attendons de l’ARS : une vision, du courage, et une vraie coopération. Pas des décisions prises à distance, sans ceux qui vivent et défendent ce territoire au quotidien« .