Région BFC : « Des coupes budgétaires qui passent mal »

Conseil régional de la Région Bourgogne-Franche-Comté de Besançon (photo ToutMontbeliard.com)

Le Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté s’est réuni en séance plénière jeudi 17 et vendredi 18 octobre 2024, à Dijon. Rattrapés par l’actualité nationale, les débats ont tourné autour des coupes budgétaires envisagées pour les collectivités par le gouvernement Barnier.

« Abyme, falaise, gouffre… L’effort qui nous est demandé est scandaleux« , Marie-Guite Dufay, Présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté, ne décolère pas. Les coupes budgétaires, annoncées par le Premier Ministre dans sa loi de finances, ne passent pas. Les collectivités territoriales sont appelées à hauteur de 5 milliards d’euros à l’effort de désendettement de la France. Pour le seul Conseil Régional, c’est un effort de 68 millions d’euros qui est demandé. « C’est trop. Les collectivités comptent pour 8 % de la dette publique. On nous demande de contribuer à hauteur de 16 % du plan d’économies proposé par l’Etat. Nous sommes prêts à participer à l’effort, mais cela ne doit en aucun cas dépasser la part des collectivités locales dans la dette publique française : c’est un principe de justice, tout simplement !« , martèle la Présidente de Région.

Les questions budgétaires n’étaient pas programmées à l’ordre du jour de l’Assemblée plénière, qui s’est tenue à Dijon jeudi 17 et vendredi 18 octobre 2024. Mais elles se sont invitées, actualité oblige. « Ce sera coûteux en termes de disparition de services publics« , prévient Marie-Guite Dufay. Et d’énumérer : « Faudra-t-il réduire le nombre de trains sur nos lignes TER ? Réduire le rythme de modernisation de nos lycées en nous limitant aux investissements strictement nécessaires dans une logique de maintenance et de sécurité ? Devrons-nous demander une contribution aux familles pour assurer les transports scolaires ? Le développement économique, alors que notre action amène des résultats : fini ? On arrête ?« .

Le vote du budget décalé à mars 2025

Nicolas Soret, Vice-Président en charge des Finances, complète, chiffres à l’appui : « 68 millions d’euros, c’est plus que la totalité des dotations pour nos 128 lycées ; c’est plus que les budgets culture, sport, vie associative, tourisme et recherche… Si cette loi de finance est maintenue en l’état, notre Plan pluriannuel d’investissement de 2,3 milliards d’euros d’ici 2030 devra être amputé d’un tiers ; soit 800 millions d’euros à retirer ; c’est colossal« .

Alors que la construction du budget 2025 était bien avancée, il faut tout repenser. La Présidente annonce un « décalage du calendrier budgétaire« , avec un budget à voter en mars 2025, et non en janvier, comme initialement prévu. Elle avance tout de même quelques pistes : « Il y a trois lignes rouges pour moi, trois secteurs que je veux absolument sanctuariser : la transition énergétique et écologique, la formation professionnelle, et la culture et le sport« .

Passée cette séquence budgétaire, l’assemblée a déroulé son ordre du jour. Elle a notamment validé les dotations de fonctionnement de ses 128 lycées pour l’année 2025. « Malgré tout ce que nous venons d’entendre, je vous présente un rapport optimiste, positif, pour donner les moyens à la communauté éducative de travailler dans de bonnes conditions« , a rassuré Willy Bourgeois, le nouveau Vice-Président en charge des Lycées. La dotation 2025 s’élèvera à 58,2 millions d’euros (51,4 millions pour les lycées généraux, 6,8 millions pour les lycées agricoles). C’est 12 millions d’euros de plus qu’en 2024 (+26 %). Une augmentation justifiée par la hausse des coûts de l’énergie, qui demeure la principale dépense des lycées malgré d’importants efforts de sobriété énergétique réalisés ces dernières années : -16 % de consommation énergétique entre 2021 et 2023.

Autre point important à l’ordre du jour de l’assemblée : la validation de la feuille de route sur les biothérapies et les bioproductions. La Région souhaite en effet structurer cette filière, particulièrement florissante en Bourgogne-Franche-Comté. « C’est une filière d’avenir dans notre Région, où se conçoivent les thérapies de demain et où sont produits les biomédicaments du futur, notamment à Dijon et à Besançon« , rappelle Nicolas Soret.

L’objectif premier de cette feuille de route, construite avec 160 professionnels et élus du secteur, est de contribuer à l’émergence de nouveaux biomédicaments produits en Bourgogne-Franche-Comté, à des coûts abordables pour les patients. Pour cela, Marie-Guite Dufay veut s’appuyer sur un autre atout régional : les microtechniques. « C’est l’une de nos forces, dû à notre histoire avec l’horlogerie. Grâce à ce savoir-faire dans le milieu des microtechniques, on aura la capacité d’industrialiser des procédés biotechnologiques« ; avance-t-elle. Une enveloppe de 15 millions d’euros sera inscrite dans le plan annuel d’investissements régional pour soutenir la démarche. La feuille de route a été adoptée à l’unanimité de l’assemblée.