Abakar, jeune guinéen du Pays de Montbéliard sous obligation de quitter le territoire

Abakar Gassama (photo change.org)

Abakar est né le 15 mars 2001 à Conakry, il est de nationalité guinéenne. Suite au décès de son père Seybou Gassama, sa mère Oumou Toure a été remariée. Le comportement de son beau père a obligé sa maman à fuir le domicile et la Guinée avec la petite sœur de Abakar. Sa maman qui n’avait pas pu emmener Abakar a organisé son départ pour l’Europe afin de la mettre à l’abri des agissements du beau-père. Abakar est arrivé en France le 1er janvier 2016 à l’âge de 14 ans. Le 22 novembre 2016, il est confié au service de l’aide sociale à l’enfance du Conseil départemental du Doubs par ordonnance de placement provisoire du Procureur de la République du Tribunal de Lons-le-Saunier.

En septembre 2017, Abakar intègre le Lycée Nelson Mandela d’Audincourt. Il bénéficie du dispositif UPE2A (Unités Pédagogiques pour Elèves Allophones Arrivant). L’intégration dans ce dispositif qui assure l’enseignement du français oral et écrit pour tout élève allophone, peu ou pas scolarisé antérieurement dans son pays d’origine lui permet de bénéficier de la prise en charge de ses déplacements en bus et de la demi-pension. En septembre 2018, Abakar démarre un apprentissage en vue de préparer un CAP de cuisinier, il intègre le CFA de Bethoncourt, son contrat est conclu avec un restaurant de Montbéliard.

Le 21 janvier 2019, soit 2 mois avant sa majorité, Abakar a demandé son « admission au séjour ». En juin 2019, le préfet a rejeté sa demande, décision assortie d’une OQTF (obligation de quitter le territoire) dans les 30 jours. L’apprentissage d’Abakar a donc été interrompu. Les différents recours qui ont été engagés, par son avocat Gabin Migliore, contre cette décision et contre l’OQTF (Tribunal administratif de Besançon, Cour administrative d’appel de Nancy…) ont tous été rejetés au motif principal que « il n’est pas sûr que les papiers d’identité présentés par Abakar soient les siens ou soient authentiques », l’Etat français considérant par principe que les papiers
guinéens sont peu fiables. Un argument déjà entendu dans le cas de Laye Traore, apprenti boulanger à Besançon.

Abakar termine l’année scolaire 2019 au Lycée Mandela, il obtient le CAP de cuisinier en juin 2020. Abakar bénéficie toujours du dispositif UPE2A et poursuit sa scolarité, toujours au Lycée Mandela, pour l’année 2020-2021, mais comme il ne lui est plus possible de poursuivre son apprentissage pour un BEP en restauration, il a été réorienté en CAP Vente. Il est sous le coup d’une obligation de quitter le territoire (OQTF), qui a été repoussée au 15 janvier 2021 puis au 28 février 2021. Il a l’obligation de pointer 3 fois par semaine à la Gendarmerie de Bethoncourt.

La situation de Abakar a semblé tout à la fois absurde et inhumaine, selon le Comité pour Abakar, constitué sous l’égide des EGM (Etats Généraux des Migrations) Belfort-Montbéliard, avec comme objectif la régularisation de sa situation : « situation absurde de ces jeunes qui apprennent le français et un métier et sont menacés d’expulsion sitôt arrivés à leur majorité ; situation inhumaine parce qu’Abakar ne peut plus avoir l’esprit tranquille pour se consacrer à ses études et à son métier, avec au-dessus de la tête la menace d’un retour forcé à tout moment dans un pays où il n’a ni liens ni famille. La situation d’Abakar est à plus d’un titre semblable à celle de Laye, apprenti-boulanger de Besançon qui a dû sa régularisation à la grève de la faim de son patron et à l’énorme mobilisation citoyenne qui l’a entourée. Notre comité pour Abakar a déjà reçu, outre les soutiens individuels de citoyens révoltés par l’injustice, le soutien de nombreuses organisations associatives, syndicales, politiques. Par ailleurs, Martial Bourquin, maire d’Audincourt s’est adressé au préfet pour demander la régularisation d’Abakar« .

(source Comité pour Abakar)