L’activité économique en Bourgogne-Franche-Comté reste en dessous de son niveau d’avant crise

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(photo d'illustration)

Le déconfinement a permis un rebond relativement rapide d’une partie de l’économie régionale. En septembre 2020, le niveau de l’activité serait inférieur de 4% à son niveau d’avant crise contre -31% en avril 2020, au cœur du confinement. Cependant, l’activité dans l’hébergement-restauration et le transport reste fortement ralentie. Ce rebond se retrouve notamment dans l’augmentation des transactions par cartes bancaires dans les commerces, signe d’une reprise de la consommation des ménages, et dans celle de l’emploi intérimaire. Cependant, le marché du travail ne se redresse pas encore. Si l’intérim bénéficie d’un rebond, les destructions d’emplois augmentent dans les autres secteurs d’activité. Le dispositif d’activité partielle a permis de limiter, dans un premier temps, les effets de la crise sanitaire sur les secteurs hors intérim mais ceux-ci commencent maintenant à se faire sentir. Dans ce contexte, les inscrits à Pôle emploi dans la catégorie A diminuent tandis que ceux des catégories B et C augmentent. Les jeunes ayant été particulièrement touchés par la crise, le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans est en forte hausse.

Reprise graduelle de l’activité

L’activité économique reprend progressivement après le choc économique engendré par le confinement de la population française au printemps 2020. Le rebond amorcé en mai et juin 2020 s’est poursuivi durant la période estivale, caractérisée par une épidémie relativement contenue et un retour au travail se conjuguant avec les départs en vacances d’été. Ainsi, en Bourgogne-Franche-Comté, au mois de septembre, la baisse d’activité se limiterait à 4% par rapport au niveau d’avant-crise, contre 31% pendant le mois d’avril 2020, période de confinement. La perte d’activité régionale serait d’intensité comparable à celle de la France métropolitaine. Cette estimation repose sur l’hypothèse qu’une branche d’activité est affectée avec la même intensité qu’au niveau national dans tous les territoires. Le secteur des services marchands explique près des deux tiers de la perte d’activité. L’industrie, très implantée en Bourgogne-Franche-Comté, contribue pour près d’1 point à cette baisse d’activité. Globalement, tous les secteurs d’activité se redressent, à l’exception de l’hébergement-restauration, dont l’activité reste encore inférieure de 23% à son niveau d’avant-crise. Malgré une amélioration, l’activité reste également en retrait dans le transport, avec une perte de 17%. Dans l’industrie, la situation continue de s’améliorer. En septembre 2020, la baisse d’activité est estimée à 4%, contre 36% en avril 2020. Cependant, l’activité dans la fabrication de matériels de transport, particulièrement présente dans la région, reste encore fortement ralentie, inférieure de 15% à la normale. L’activité économique se redresse également dans la construction, avec une perte de seulement 3 % en septembre, contre 68% en avril. Enfin, les services non marchands et l’agriculture ont retrouvé une activité économique proche de leur niveau d’avant-crise (-2%).

La reprise de la consommation d’électricité des entreprises se poursuit

Les indicateurs à haute fréquence, tels que la consommation d’électricité ou les transactions de carte bancaire sont parfois volatiles mais permettent de suivre au plus près l’évolution de l’activité en période de choc. Ils témoignent de la reprise économique du deuxième trimestre. Ainsi, la consommation moyenne totale en électricité en Bourgogne-Franche-Comté continue de se redresser, après avoir fortement chuté lors du confinement. La semaine du 22 juin 2020, la consommation des entreprises utilisant des compteurs de faible puissance n’est inférieure à son niveau habituel que de 3%, contre 13% la semaine du déconfinement. La consommation des entreprises utilisant des compteurs de forte puissance remonte également, mais reste inférieure à la « normale » de 8%, contre 18% à l’issue du confinement. Enfin, la consommation résidentielle, celle des ménages, peu impactée par le confinement, est légèrement supérieure à son niveau habituel au début de l’été.

Haut niveau des transactions par carte bancaire, témoignage d’une reprise de la consommation des ménages

En Bourgogne-Franche-Comté comme en France, depuis la fin du confinement, le montant des transactions par carte bancaire a rattrapé le niveau de 2019. Ainsi, la semaine du 21 septembre 2020, ce montant est équivalent à l’an passé. Tous les départements de la région profitent de ce phénomène, qui témoigne d’une reprise de la consommation et fait suite à une chute des transactions durant la période de confinement. De la mi-juillet à la mi-août, les transactions étaient même largement supérieures à celles de 2019. Ce surcroît estival peut s’expliquer en partie par le décalage des soldes d’été, fixées cette année du 15 juillet au 11 août 2020, mais aussi par le fait que les ménages ont passé leurs congés d’été davantage en France que l’an passé. Il peut également refléter des modifications de comportement quant à l’usage de la carte bancaire, notamment un plus fort recours compte tenu du contexte sanitaire.

Fin juin plus que 5% des salariés en activité partielle

Fin juin 2020, seuls 5% des salariés du secteur privé de la région bénéficient encore du dispositif d’activité partielle, qui permet aux établissements confrontés à des difficultés temporaires de diminuer ou de suspendre leur activité, tout en compensant en partie la perte de salaire de leurs salariés. Début avril 2020, un pic avait été atteint, avec 30 % des salariés placés en activité partielle dans la région. Ce dispositif a ainsi été massivement utilisé par les entreprises durant le confinement afin de conserver leurs salariés, leur permettant de préserver au maximum l’emploi et les compétences et de favoriser le redémarrage de l’activité. À partir du 1ᵉʳ juin 2020, l’usage de l’activité partielle s’est en fait limité aux secteurs les plus affectés par les restrictions sanitaires, à savoir l’hébergement-restauration et les activités culturelles. Fin juin, les salariés des services marchands et de l’industrie sont les plus concernés par l’activité partielle (6%). En revanche, ce dispositif ne touche plus qu’1% des effectifs de la construction, alors que ce secteur était le plus concerné durant le confinement : fin mars 2020, 46% de ses salariés étaient placés en activité partielle. En outre, les arrêts de travail pour maladie ou garde d’enfants reculent progressivement. Fin juin 2020, moins de 3% des salariés de la région sont concernés, contre plus de 10% fin mars 2020.

L’emploi salarié poursuit son repli au second trimestre

Après l’effondrement provoqué par la crise sanitaire au 1ᵉʳ trimestre 2020, l’emploi salarié continue son repli mais à un rythme moins élevé. Ainsi, l’emploi salarié en Bourgogne-Franche-Comté perd 8 400 emplois au deuxième trimestre, soit un repli de 0,9%. Cette baisse concerne à la fois le secteur privé (-1%) et le secteur public (-0,7%). Si le secteur privé concentre toujours l’essentiel des pertes, elles se creusent dans le secteur public pour représenter 16% des pertes totales d’emploi contre 4% au trimestre précédent. Au niveau national, la baisse suit le même rythme. L’emploi dans le secteur public diminue, -1% ce trimestre contre -0,1% au précédent.

Rebond de l’intérim

Après une chute historique au 1ᵉʳ trimestre 2020, l’intérim est le premier et seul secteur à regagner des effectifs, 2 300 soit une hausse de 10% ce trimestre. Cependant, ce rebond ne permet pas de retrouver le niveau d’avant la crise sanitaire. Il est également moins important qu’au niveau national (+23%). Dans la région, la reprise de l’intérim est portée par la construction, + 1 600 emplois. La fabrication d’autres produits industriels, dont la métallurgie et la fabrication de produits en caoutchouc et en plastique, y contribue également avec 1200 emplois créés. À l’inverse l’emploi intérimaire continue de baisser fortement dans la fabrication de matériel de transports qui perd 1200 emplois supplémentaires.

Tous les secteurs perdent des emplois

Si le dispositif de chômage partiel, dans un premier temps, a permis de limiter les effets de la crise sanitaire sur les contrats hors intérim, les pertes s’accentuent maintenant dans quasiment tous les secteurs d’activité. Les services marchands hors intérim perdent près de 6 000 emplois, soit 2,6% de ses effectifs contre -1,5% au premier trimestre. Les pertes augmentent aussi dans l’industrie et dans une moindre mesure dans les services non marchands et le commerce. Dans la construction, la baisse ralentit légèrement ce trimestre pour s’établir à 0,4%. Le secteur de l’hébergement-restauration subit de plein fouet les effets de la crise et des mesures sanitaires toujours en vigueur. Il perd 9,3% de ses emplois ce trimestre et 11,2% sur un an. Le secteur des services aux ménages suit la même tendance, -2,9%, avec une contraction plus importante sur un an, -6%. L’industrie agroalimentaire, qui avait bien résisté jusqu’à présent, perd 1% de ses effectifs ce trimestre et 0,3% sur un an.

Recul de l’emploi dans quasiment toute la région

Tous les départements de la région subissent des pertes d’emplois à l’exception de la Haute-Saône où l’emploi augmente de 0,2%. L’emploi intérimaire augmente nettement dans tous les départements à l’exception du Doubs, de 11% à 35,9%. Cette hausse ne compense pas les destructions d’emplois dans les services marchands hors intérim, plus importants pourvoyeurs d’emplois de la région, qui concernent l’ensemble des départements. Pénalisé par une contraction de 12% des effectifs intérimaires, le Doubs affiche les pertes les plus importantes de la région, 2 300 emplois. Le Territoire de Belfort, lui, accuse la plus forte baisse en proportion avec -1,5% d’emplois malgré le rebond de l’intérim.

La baisse du chômage s’accentue, un trompe-l’œil qui dure

Au deuxième trimestre 2020, le taux de chômage diminue de 0,4 point en Bourgogne-Franche-Comté pour s’établir à 6,4%. Il est ainsi inférieur de 0,7 point au niveau national. Le confinement de la population jusqu’au 11 mai 2020, soit presque la moitié du trimestre, a entraîné une réduction du nombre de chômeurs au sens du Bureau international du travail (avertissement sur le marché du travail). Sur cette même période, les entreprises ont continué à recourir à l’activité partielle limitant l’impact de la crise sur l’emploi. Le Territoire de Belfort est le seul département où le taux de chômage est plus élevé qu’au niveau national : 8,2%. Le taux de chômage est à l’inverse particulièrement bas dans le Jura, 5,4%, et en Côte-d’Or, 5,6%. Ailleurs, il avoisine la moyenne régionale, allant de 6,0% dans la Nièvre à 6,9% dans le Doubs.

Les inscrits à Pôle emploi dans la catégorie A diminuent tandis que ceux des catégories B et C augmentent

Fin juillet 2020, la Bourgogne-Franche-Comté compte 224 040 demandeurs d’emploi de catégorie A, B ou C. Depuis fin février 2020, les inscriptions à Pôle emploi ont très fortement augmenté (+8,5%). En juin 2020, elles ont atteint un niveau inédit depuis 1996, avec 226 450 personnes inscrites, avant de reculer légèrement au mois de juillet. Le nombre de demandeurs d’emploi sans activité (catégorie A) diminue cependant depuis le mois de mai 2020. Dans le même temps le nombre d’inscrits en catégories B et C, qui exercent une activité réduite, augmente. Les jeunes ont été les plus touchés par la crise, probablement en raison d’une forte proportion d’intérimaires parmi eux. Ainsi, de février à juin 2020, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A, B ou C âgés de moins de 25 ans a bondi de 20%, avant de diminuer en juillet 2020. Chez les seniors, l’impact de la crise a été moins marqué : le nombre de demandeurs d’emploi de 50 ans ou plus se stabilise au mois de juillet 2020, après un hausse inférieure à 5% depuis février 2020. En revanche, la situation des demandeurs d’emploi de longue durée ne s’améliore pas. Le nombre d’inscrits à Pôle emploi depuis au moins un an a crû de 7,7% depuis le mois de février 2020, atteignant ainsi son plus haut niveau depuis 1996.

Nouvelle chute des créations d’entreprises

Au deuxième trimestre 2020, le nombre de créations d’entreprises continue de chuter en Bourgogne-Franche-Comté comme en France. Dans la région, 4 800 entreprises ont été créées, soit 14 % de moins qu’au trimestre précédent, une baisse comparable au niveau national. Les créations d’entreprises reculent dans la majorité des grands secteurs d’activité, en particulier dans la construction, mais restent stables dans l’industrie.

Chute des défaillances d’entreprises liée à la fermeture des tribunaux

À la fin du deuxième trimestre 2020, les défaillances d’entreprises enregistrées sur un an dans la région reculent fortement : elles sont inférieures de 15% par rapport à l’année précédente. En France, la chute est encore plus marquée (-25%). Cette baisse paradoxale n’indique pas une réduction du nombre d’entreprises en difficulté. Elle s’explique à la fois par la période de confinement qui a affecté le fonctionnement des juridictions commerciales, et par l’adaptation de la réglementation qui accorde temporairement des délais supplémentaires pour apprécier l’état de cessation de paiements et pour le déclarer.

Chute des mises en chantier dans la construction

Les mises en chantier diminuent plus fortement dans la région qu’en France. En Bourgogne-Franche-Comté, le nombre de logements commencés en un an chute de 11,4% par rapport au deuxième trimestre 2019, contre une baisse de 6,6% au niveau national. La baisse des mises en chantier est marquée en Côte-d’Or et dans le Jura. À l’inverse, dans l’Yonne, le Territoire de Belfort et la Nièvre, leur nombre est croissant par rapport à l’année précédente. En outre, sur 12 mois, de juillet 2019 à juin 2020, 12 300 logements ont été autorisés à la construction en Bourgogne-Franche-Comté, soit 8,4% de plus qu’un an auparavant. Le nombre de permis accordés a fortement augmenté au cours du premier trimestre 2020, avant de chuter dès le mois d’avril 2020 avec le confinement de la population. Au niveau national, les autorisations sur 12 mois baissent de 9,5% par rapport à l’année précédente.

(texte Insee, Caroline Logeais, Bénédicte Piffaut, Amandine Ulrich)