Mobilité des frontaliers : entre augmentation des flux et allongement des trajets

Photo d'illustration (photo Adobe Stock / FotolEdhar)

La crise sanitaire liée au Covid-19 a fortement impacté l’activité économique de l’Arc jurassien franco-suisse et a particulièrement complexifié les déplacements transfrontaliers. Le nombre de frontaliers français est en effet en forte augmentation (13 000 navetteurs supplémentaires en dix ans), et ce malgré les distances et temps de trajet. La moitié de ces navetteurs pendulaires mettent plus de 42 minutes pour se rendre quotidiennement au travail et exercent à plus de 35 km de leur domicile. Le temps et la distance dépendent aussi des profils socio-professionnels des frontaliers et des spécificités économiques des territoires de coopération de l’Arc jurassien.

Une forte augmentation du trafic routier…

En dix ans, le travail frontalier s’est fortement développé faisant passer le nombre de navetteurs de 19 200 à 32 300. La quasi-totalité d’entre eux (97 %) empruntent leur véhicule personnel pour se rendre sur leur lieu de travail. Cette forte croissance du nombre de frontaliers associée à un usage massif de la voiture entraînent un trafic routier important aux heures de pointe, en particulier à proximité de la frontière où plus de 5 000 frontaliers transitent chaque jour sur certains tronçons, à l’image du Col des Roches ou de l’axe Pontarlier-Vallorbe. Les flux les plus importants proviennent ainsi des communes de résidence très bien reliées et situées à moins de 30 km de la frontière et des pôles industriels principaux. Ainsi, Le Locle et La Chaux-de-Fonds accueillent chaque jour la moitié des actifs résidant à Villers-le-Lac et un tiers de ceux de Morteau et des Fins. Afin de lutter contre l’augmentation de ces flux, les collectivités de l’Arc jurassien encouragent depuis 2011 la pratique du covoiturage au travers d’un dispositif de promotion en partenariat avec les entreprises.

…et des trajets plus longs en temps et en distance

Par ailleurs, la topographie de l’Arc jurassien est une contrainte importante, particulièrement dans la partie haute du massif, où les points de passage sont peu nombreux, tout comme les alternatives à la voiture, entraînant des situations d’engorgement sur les routes. La moitié des 32 300 frontaliers de l’Arc jurassien français parcourent plus de 35 km pour se rendre sur leur lieu de travail (contre moins de 14 km pour les non-frontaliers). La moitié des frontaliers passent également près d’une heure et demie dans les transports chaque jour contre 36 minutes pour les non-frontaliers. De plus, la relative amélioration des infrastructures routières permet aux frontaliers de résider de plus en plus loin de la frontière suisse. La distance médiane s’est allongée de 3 km depuis 2006 et davantage encore pour les navetteurs « longue distance ».

La distance parcourue dépend également du type d’emploi occupé en Suisse. Les pôles industriels sont proches de la frontière, quand les centres tertiaires sont situés dans les zones de piémont comme Neuchâtel ou Lausanne. Les ouvriers et techniciens parcourent donc les distances les plus courtes, moins de 33 km en moyenne contre 38 ou 41 pour les cadres et employés commerciaux ou de services.

Une mobilité encore complexifiée par le Covid

L’épidémie de Covid-19 a obligé les États français et suisse à adopter des mesures de restriction des déplacements afin d’empêcher les contaminations et ainsi freiner la diffusion du virus. Les dispositifs de confinement décidés de part et d’autre de la frontière ont ainsi fortement réduit le trafic transfrontalier. De plus, le contrôle systématique de tous les véhicules ainsi que la fermeture des postes secondaires ont allongé considérablement les temps de trajet (jusqu’à 45 minutes supplémentaires dans certains cas). Au plus fort de la crise épidémique, ce sont ainsi les trajets de 9 200 travailleurs frontaliers qui ont pu être impactés par la fermeture de ces postes-frontières. En effet, par la nature de leur profession, de nombreux frontaliers de l’Arc jurassien n’ont pas pu télétravailler (emplois de santé, industriels et horlogers principalement). Les liaisons ferroviaires avaient également été suspendues. Le covoiturage demeurait possible pour effectuer les déplacements professionnels mais avec un seul passager à l’arrière du véhicule et en respectant les gestes barrières recommandés.

(texte Région Bourgogne-Franche-Comté)

infos > www.arcjurassien.org