Premiers éléments sur les répercussions économiques en Bourgogne-Franche-Comté

Photo d'illustration (photo Adobe Stock / v.poth)

Le Covid-19, virus très contagieux, a pour la première fois été détecté en Chine en fin d’année 2019. Il évolue en une épidémie qui se propage au début 2020 dans le monde entier. La France prend alors en charge ses premiers malades. En Bourgogne-Franche-Comté, quatre premiers cas sont confirmés le 27 février au centre hospitalier régional universitaire de Dijon.

Un confinement général

Le confinement de la population instauré par le gouvernement le 17 mars a pour objectif d’atténuer le pic épidémique pour que les patients sévèrement touchés puissent être soignés à l’hôpital dans les meilleures conditions possibles. Les 2,8 millions d’habitants de Bourgogne-Franche-Comté au même titre que tous les habitants du pays, doivent ainsi limiter au strict minimum les contacts sociaux et les sorties de leur domicile, qui ne sont autorisées que pour quelques actes essentiels de la vie. L’Éducation nationale a fermé ses 3 340 établissements d’enseignement dans la région (méthodologie). Les 580 700 élèves, collégiens, lycéens et étudiants doivent travailler à la maison en fonction des instructions données par les 35 820 enseignants eux-mêmes confinés. Le Baccalauréat et le Brevet des collèges se dérouleront cette année en contrôle continu pour environ 27 000 lycéens et 32 000 collégiens.

Un coup de frein économique brutal et massif

Les entreprises, notamment les 26 400 exploitations agricoles et 154 200 autres entreprises marchandes de la région, doivent s’adapter. Les établissements mentionnés dans les arrêtés des 14 et 15 mars ne peuvent plus accueillir de public. Certains peuvent se tourner vers la vente à distance ou à emporter. D’autres dont les activités le permettent mettent leurs salariés en télétravail. Mais de nombreuses entreprises et des indépendants doivent cesser complètement leur activité. Le coup de frein économique est soudain et marqué : la perte d‘activité est estimée à 36% au niveau national. L’embellie économique constatée en fin d’année 2019 aura été finalement de courte durée. De nombreuses entreprises de la région font appel à l’activité partielle. Celle-ci vise au maintien de l’emploi au sein des entreprises qui traversent une période difficile. Elle permet ainsi à l’employeur de réduire son activité temporairement tout en bénéficiant d’une aide de l’État afin d’indemniser les salariés.

45% des salariés du privé au chômage partiel

Au mardi 14 avril 2020, 33 700 demandes d’activité partielle pour le motif de Coronavirus sont déposées dans la région (source Ministère du travail). Elles concernent 327 300 salariés, soit environ 45% des salariés du secteur privé de la région. Près de 125 millions d’heures chômées sont demandées. Cela représente en moyenne 382 heures par salarié, soit près de 11 semaines à 35 heures hebdomadaires. Au niveau national, trois secteurs regroupent près de la moitié des heures demandées : le commerce (19%), les activités spécialisées, scientifiques, techniques, administratives, de soutien (17%) et la construction (14%).

La consommation d’énergie en forte baisse

Avec le confinement, la baisse de l’activité économique se reflète dans les consommations d’électricité et de gaz même si celles-ci fluctuent aussi en fonction des températures extérieures. Ainsi, dans l’ensemble de la région, la consommation journalière moyenne totale d’électricité est en baisse de 25% durant les quatre premières semaines du confinement par rapport aux deux semaines qui ont précédé. Elle est également en baisse de 22% par rapport à l’an passé. Cela serait principalement dû à la chute de la consommation des entreprises, celle des ménages augmenterait avec le confinement et le télétravail mais baisserait avec les températures clémentes. La consommation journalière moyenne en gaz de la part des clients industriels de GRTgaz cède 35% durant les deux premières semaines de confinement par rapport aux deux précédentes et 33% par rapport à l’an passé.

Chute du trafic routier, reflet de la baisse de l’activité économique

Le confinement entraîne une forte réduction des déplacements de la population et une baisse du transport de marchandises. Beaucoup de Bourguignons-Francs-Comtois n’ont plus à se rendre sur leur lieu de travail et doivent aussi limiter leurs déplacements aux lieux de consommation ouverts et proches et ne se rendent plus aux activités de loisirs. Les magasins n’ont plus autant besoin de livraisons, certains sont fermés et les autres puisent pour partie dans leur stock. En outre, quelques produits sont également en rupture. La circulation routière décroît. La première semaine de confinement, le trafic sur le réseau autoroutier APRR s’est contracté de 60% pour les véhicules légers et de 19% pour les poids lourds par rapport à la même semaine de l’an passé. Les pics de congestion du trafic routier à 8 et 17 heures en semaine sont divisés par trois à Dijon (source TomTom). Par ailleurs, le nombre de voyageurs quotidiens des TER (trains express régionaux) a chuté de 60 000 à 1 000 (source Région Bourgogne-Franche-Comté). La forte baisse des déplacements et le fonctionnement ralenti de l’industrie s’accompagnent d’une amélioration de la qualité de l’air. La concentration en polluants chute entre la première et la seconde quinzaine de mars : -59 % par exemple sur la rocade Est de Dijon pour l’oxyde d’azote et -48 % pour celle en dioxyde d’azote (source Atmo). Autre conséquence : en mars 2020, le nombre d’accidents corporels et de morts sur les routes baisse, au niveau national, de plus de 40% par rapport à l’an passé.

(texte Insee, David Brion)