84 100 jeunes chômeurs ou inactifs en Bourgogne-Franche-Comté : pas ou peu diplômés, souvent au domicile familial

(photo d'illustration)

En Bourgogne-Franche-Comté, parmi les jeunes âgés de 16 à 29 ans, 84 140 sont au chômage ou en inactivité en 2016. Ainsi 20% des jeunes de cette tranche d’âge ne travaillent pas sans pour autant poursuivre des études. Cette proportion est cependant parmi les plus faibles de métropole. La région se classe au 5e rang derrière la Bretagne, les Pays de la Loire, Auvergne-Rhône-Alpes et l’Île-de-France. Ce sont des régions où le marché du travail est globalement moins dégradé : dans ces cinq territoires, le taux de chômage, en particulier celui des 15-24 ans, est inférieur à la moyenne de France métropolitaine. Sans qualification, trouver un premier travail et accéder durablement à l’emploi est beaucoup plus compliqué pour les jeunes sortis précocement du système éducatif. Ceux-ci constituent un des publics prioritaires du Pacte régional d’investissement dans les compétences (Pric) (Encadré). Leurs difficultés d’insertion ont une incidence sur leurs conditions de vie à une période où ils cherchent leur autonomie. Elles peuvent remettre en cause leur départ du foyer parental, leur mise en couple, l’arrivée d’un premier enfant.

Une grande majorité de jeunes éloignés de l’emploi pas ou peu diplômés

Peu de jeunes de 16 à 20 ans sont au chômage ou en inactivité, la plupart étant encore en études. Dans la région, la moitié des jeunes chômeurs ou inactifs a entre 20 et 25 ans, population qui peut bénéficier d’un accompagnement global vers l’insertion professionnelle et sociale de la part des Missions Locales. Un tiers a au moins 26 ans, âges ciblés par d’autres dispositifs d’aide à la mise en place de projets professionnels. Les jeunes chômeurs ou inactifs sont, en grande majorité, pas ou peu diplômés : plus d’un tiers d’entre eux n’ont aucun diplôme et un quart dispose d’un CAP/BEP. Dans la région, comme en France, débuter dans la vie active est plus difficile pour les jeunes faiblement diplômés. En 2018, sept mois après la fin d’un cursus de formation professionnelle, à peine 68% des diplômés d’un CAP en Bourgogne-Franche-Comté ont un emploi. Ce taux d’emploi atteint 86% pour les titulaires d’un Deug, BTS, DUT ou DEUST et 89% pour ceux encore plus diplômés. Ainsi, la possession d’un diplôme augmente les chances d’accéder rapidement et à l’emploi. Cependant, elle ne préserve pas complètement du chômage ou de l’inactivité : 16% des jeunes au chômage ou en inactivité sont titulaires d’un diplôme d’études supérieures.

Jeunes en chômage : les trois quarts ont déjà travaillé

La grande majorité des jeunes sans emploi et ne poursuivant pas d’études sont en situation de chômage (70%). Ils ont, alors pour la plupart, déjà travaillé et sont moins soumis au chômage de longue durée : 31% sont au chômage depuis plus d’un an contre 44% pour l’ensemble des chômeurs de la région. Néanmoins, certains jeunes sont au chômage de longue durée dès leur entrée dans la vie active : un quart n’ont aucune expérience professionnelle. Dans la région, un peu plus de 10 % des jeunes au chômage pourraient rencontrer des difficultés accrues dans leur recherche d’emploi. Ils sont à la fois non-diplômés et recherchent un emploi depuis plus d’un an. Cette situation de forte vulnérabilité sur le marché du travail pourrait être accentuée pour 4% des chômeurs (2 190) qui cumulent ces deux difficultés et l’absence d’expérience professionnelle.

Les jeunes femmes plus souvent sans emploi, davantage au foyer

Les jeunes éloignés de l’emploi sont en majorité des femmes. Celles-ci sont en effet plus fréquemment touchées par le chômage ou l’inactivité que les hommes ; 21% des femmes de 16 à 29 ans de la région contre 18% des hommes. Les femmes concernées ont un niveau de diplôme plus élevé que les hommes et elles sont en moyenne plus âgées. À partir de 26 ans, elles sont plus souvent en situation d’inactivité, fréquemment femmes ou mères au foyer.

Les hommes plus souvent chez les parents, les femmes davantage en couple

Compte tenu notamment de leurs difficultés financières et de logement liées à leur situation de non-emploi, les jeunes chômeurs ou inactifs ont moins souvent leur indépendance résidentielle que les actifs en emploi de leur âge. Ils habitent plus fréquemment avec leur mère et/ou leur père : 42% contre 27% chez les jeunes qui travaillent. À partir de 26 ans, ils sont encore plus de 20% à cohabiter avec au moins un parent, alors que leurs homologues ayant un emploi ne sont que 10% dans cette situation. Si certains d’entre eux ne sont jamais partis vivre ailleurs, d’autres sont revenus habiter au foyer parental par nécessité, n’ayant plus les moyens de conserver leur propre logement. En France, en 2014, 14% des jeunes chômeurs ou inactifs vivent chez leurs parents après être partis une première fois. Ces retours se produisent notamment à la fin de leurs études, à leur entrée sur le marché du travail ou suite à un accident de la vie (perte d’emploi, rupture amoureuse…). Un tiers des jeunes chômeurs et inactifs vivent en couple, le plus souvent avec au moins un enfant. Les hommes n’ont pas le même mode de vie que les femmes. Entre 20 et 25 ans, les jeunes hommes au chômage ou inactifs de la région habitent en grande majorité avec au moins un de leurs parents. Les jeunes femmes, en revanche, sont beaucoup plus fréquemment en couple. Cet écart persiste avec l’âge même s’il s’atténue. Entre 26 et 29 ans, un tiers des hommes cohabitent encore avec au moins un parent. Les femmes, pour la plupart, partagent leur vie avec leur conjoint et 13 % sont à la tête d’une famille monoparentale. Les mères seules ont le plus souvent un enfant à charge. Dans trois cas sur dix, elles élèvent deux enfants.

Le niveau social de l’entourage pourrait limiter le soutien à ces jeunes

Au total, trois quarts des jeunes chômeurs ou inactifs habitent avec leur conjoint ou avec au moins un de leur parent. Cela favorise l’aide financière, matérielle ou morale dont ils peuvent avoir besoin au quotidien. Ce soutien peut être cependant plus ou moins important compte tenu notamment de la situation sociale et professionnelle des personnes qui les entourent. Le soutien familial peut être en particulier limité lorsque les parents sont confrontés, eux aussi, à des difficultés professionnelles et sociales. Ainsi, parmi les jeunes chômeurs ou inactifs vivant avec leur père et leur mère, près de 20% ont leurs deux parents qui ne travaillent pas ; le plus souvent, l’un est à la retraite, l’autre est au foyer. Néanmoins, la moitié des jeunes ont une situation a priori beaucoup plus favorable : leurs deux parents ont une activité professionnelle. Ils sont souvent ouvriers ou employés. Dans seulement un cas sur dix, leurs deux parents ont même un niveau social plus élevé : ils sont cadres ou exercent une profession intermédiaire.

Vie en couple : dans un cas sur trois, le conjoint est aussi sans emploi

Les possibilités d’aide peuvent être réduites également pour les jeunes chômeurs ou inactifs vivant en couple : lorsque le conjoint, aussi, n’a pas d’emploi, ce qui est le cas pour un tiers d’entre eux. Celui-ci est alors très souvent au chômage. Toutefois, dans la majorité des foyers, le conjoint a un emploi à durée indéterminée. Les jeunes femmes éloignées de l’emploi ont, dans les trois quarts des cas, un conjoint qui travaille, souvent comme ouvrier. Cela est moins vrai pour les jeunes hommes non insérés : leur compagne a un emploi dans seulement un cas sur deux. Elle exerce alors davantage une profession intermédiaire ou de cadre.

Un quart des jeunes chômeurs ou inactifs ne résident pas avec un conjoint ou un parent

Un quart des jeunes chômeurs ou inactifs vivent dans d’autres conditions : 5% sont à la tête d’une famille monoparentale, 10% habitent seul et autant sont en colocation ou hébergés dans une communauté (établissement médico-social, foyer étudiants…). Cela ne signifie pas qu’ils soient isolés socialement et qu’ils ne bénéficient pas du soutien de leur famille. En France métropolitaine, les jeunes au chômage ou inactifs qui ont quitté le domicile parental reçoivent plus fréquemment une aide de leurs parents, de leur famille ou de leurs amis que ceux ayant un emploi ; il peut s’agir d’une aide financière, matérielle (repas, lessives, garde d’enfants…) ou d’un soutien moral. Entre 18 et 24 ans, ils sont 11% à bénéficier d’une aide financière qui participe par exemple au paiement du loyer ou des courses, contre 6% parmi ceux ayant un emploi. Entre 25 et 29 ans, ils sont encore 9 % à disposer de cet appui (source Enquête Logement 2013).

L’Yonne, la Nièvre et le Territoire de Belfort : des jeunes plus souvent en situation de chômage ou d’inactivité

Près de 60% des jeunes au chômage ou en inactivité, soit 47 900, résident dans un des trois départements les plus peuplés de la région : dans le Doubs, en Côte-d’Or ou en Saône-et-Loire. Toutefois dans les deux premiers, leur part parmi l’ensemble des jeunes est relativement faible puisqu’ils accueillent de nombreux étudiants notamment à l’université de Besançon et de Dijon. Dans le Grand Besançon Métropole et Dijon Métropole, les jeunes chômeurs ou inactifs sont davantage titulaires d’un diplôme d’études supérieures. Un certain nombre d’entre eux, fraîchement diplômés, ont terminé leurs études dans ces territoires et sont en quête d’un premier emploi. D’autres sont venus s’y installer, attirés par les opportunités d’emplois qu’offrent ces grands pôles d’activité. Dans l’Yonne, la proportion de chômeurs et d’inactifs parmi les 16-29 ans est la plus forte. Elle atteint 30% dans l’agglomération migennoise. Elle est également élevée dans celles de Joigny, Sens, Tonnerre. La moyenne d’âge de ces jeunes est faible, 20% n’ayant pas plus de 19 ans et ils sont davantage non diplômés que dans les autres départements. La part de jeunes chômeurs ou inactifs est également importante dans la Nièvre. Ce département est marqué par les difficultés économiques et l’ensemble des actifs est plus fortement touché par le chômage. La proportion de jeunes éloignés de l’emploi est importante dans les intercommunalités du Tannay-Brinon-Corbigny et du Haut-Nivernais, espaces peu denses où les jeunes sont, de plus, distants des structures de formation, de santé et des espaces culturels. Elle est également élevée dans le sud nivernais notamment à Decize. Dans le Territoire de Belfort, département plus industrialisé et très touché par la crise économique, les jeunes sont également fréquemment en situation de non-emploi. Ceux-ci, tout comme ceux travaillant, sont davantage diplômés du supérieur qu’en moyenne dans la région. En revanche le Jura se distingue par une proportion de jeunes au chômage ou inactifs inférieure à la moyenne régionale. C’est le département où les jeunes sont le plus souvent en emploi et où le taux de chômage des 15-24 ans est le plus bas de la Bourgogne-Franche-Comté.

(texte Insee, Frédéric Biancucci, Régine Bordet-Gaudin)