Médiathèque de Montbéliard : apéritif littéraire autour d’André Beucler

La Médiathèque de Montbéliard (photo Médiathèque de Montbéliard)

L’Association André Beucler invite à venir découvrir la nouvelle édition de « La Vallée du Doubs » d’André Beucler, aux Éditions La Clé à molette de Montbéliard, à la Médiathèque de Montbéliard le samedi 4 mai 2019 de 10h30 à 12h00.

Une balade commentée sur le Sentier André Beucler à Bondeval sera organisée le samedi 4 mai 2019 de 15h à 17h (sous réserve d’intempéries) pour découvrir un point de vue sur la vallée du Doubs depuis le Bois du Bannot (commune de Valentigney), et voir les lieux où vécut André Beucler et où le livre fut écrit. Rendez-vous devant la Mairie de Bondeval à 15 h

« La Vallée du Doubs » (Éditions La Clé à molette, 2019)

André Beucler (Saint-Pétersbourg, 1898 – Nice, 1985) est un écrivain aux mille facettes et cent métiers. Blessé en 1917, résistant en 1939, il est presque impossible de résumer une vie trépidante, dont la richesse d’amis, de voyages, de rencontres, nous semble aujourd’hui sidérante. Dès 1925, il fait une entrée fracassante en littérature avec la Ville anonyme (L’Imaginaire, Gallimard). S’ensuivront plus de quarante-deux volumes (romans, essais, portraits, souvenirs) dont Gueule d’Amour en 1926, resté célèbre pour être incarné au cinéma par Jean Gabin, et Vallée du Doubs.

Initialement paru en 1928, dans la collection Portrait de la France (réunissant Emmanuel Bove, Pierre Mac Orlan, Paul Morand, Jean Giono…), Vallée du Doubs, tout en accomplissant sa mission pittoresque, est un magnifique texte philosophique et nostalgique, d’une grande élégance, sur l’attachement d’une jeunesse cosmopolite et aventureuse au souvenir de sa province dont l’auteur pressent déjà les mutations. À l’heure où la rivière Doubs, épine dorsale de toute une région, s’assèche désormais chaque été sur plusieurs kilomètres, comme un signe tangible du changement climatique, Vallée du Doubs possède une force évocatrice rare et universelle qui fera écho auprès de tous les lecteurs.

Extraits :
Chaque fois que je parviens, en remontant peu à peu de l’extérieur vers ma solitude, à me délier des serments prêtés aux villes, aux femmes et aux spectacles, j’obtiens un coin de province dont le moindre signe me sauve de la détresse. Dans le même instant, je me sens abandonné et recueilli. […] Le régionalisme est une forme de l’orgueil. D’où l’on peut se risquer à dire que raconter un pays ou une ville, c’est se raconter, c’est faire un roman, et le premier roman possible. Car le roman n’est pas autre chose que l’histoire du lycée, de la première communion, des fiançailles, des jardins, de la famille, des faubourgs, des ponts, des promenades du dimanche, des rivières et des tournées théâtrales qui commencent dans les villes de province avec les premiers bruits de l’automne. Le danger de ces récits est que l’on soit toujours tenté de mettre une ville au-dessus des autres villes, de préférer un fleuve à tous les autres fleuves. Mais voilà, heureusement, un danger qu’il ne faut pas éviter.
[…] Je passe chaque année plusieurs semaines en Franche-Comté, et plus exactement dans le Pays de Montbéliard, car c’est bien un pays à part que celui-ci, n’aurait-il pour défendre et justifier ses différences que ses coutumes particulières et une forte empreinte de la Réforme.
[…] J’ai choisi le plus souvent d’arriver le matin dans cette gare familière qui me rassure après les hésitations de la nuit. Lorsque le train s’arrête dans un grincement de ressorts, bien avant d’avoir essuyé la buée des vitres, et les yeux encore fermés, j’apprends par l’accent des hommes d’équipe que je suis arrivé à bon port.