Elliot Jenicot rend hommage à l’humoriste Raymond Devos, disparu en 2006. Seul sur scène comme aimait à le faire le virtuose de l’absurde, il s’approprie les mots de Devos, comme une matière littéraire à la Molière. Il les réinscrit dans sa propre diction, sa propre musicalité, en les reponctuant parfois et en enlevant des « Mesdames et Messieurs », figure de style que Devos utilisait beaucoup. Dans Les fous ne sont plus ce qu’ils étaient, Devos dit que les gens ne sont plus fous, mais qu’ils jouent aux fous. Avant, il y avait des fous authentiques, il y avait une vraie folie, une folie créatrice. Comme chez Gainsbourg, Ferré, Bowie, Dali… et bien d’autres. Aujourd’hui, les gens « font » les fous ! Les émissions télévisées ne fonctionnent plus qu’au bluff. Devos avait anticipé cette dérive et l’avait critiquée. Intelligents, modernes et dénonciateurs, ses textes n’ont pas pris une ride. Ils sont vivants et « appellent » le réel. Avec un respect immense des textes originaux, Elliot Jenicot les revisite en trouvant d’autres rythmes, d’autres silences. C’est un peu comme s’il prenait les notes d’une partition de musique classique et qu’il leur donnait du funk. Et il nous invite à plonger avec lui dans les sketches connus et moins connus de Monsieur Devos : Mon chien, c’est quelqu’un ; La protection des espaces vides ; Le virus du tueur ; Sens dessus dessous ; Ouï dire… en finissant par L’Artiste : « Sur une mer imaginaire, tout artiste en quête d’absolu joue les naufragés volontaires, il est là sur sa planche qui oscille ».
Elliot Jenicot, « les fous ne sont plus ce qu’ils étaient » au Théâtre de Montbéliard, mardi 9 avril 2019 à 20h00 et mercredi 10 avril 2019 à 20h00.
infos > www.magranit.org
