Deux millénaires nous séparent de l’époque de la création des Bacchantes d’Euripide. Pourtant, cette tragédie résonne aujourd’hui de façon saisissante par les thèmes et les enjeux qu’elle porte. Sur scène, la transe des bacchantes vibre aux sons de la musique live dans une esthétique organique et forcément… dionysiaque ! Sara Llorca met en scène la tragédie qu’Euripide écrivit en 405 avant Jésus-Christ, peu avant la fin de l’ère grecque. Dans Les Bacchantes, Dionysos retourne à Thèbes, sa ville natale. Il est le fils de Zeus et de la mortelle Sémélé. Ses tantes ainsi que son cousin Penthée, roi de Thèbes, refusent d’honorer Dionysos comme un Dieu. Revenu sous les traits d’un mortel, celui-ci cherche à se venger de ceux qui nient sa divinité, en jetant un sort aux femmes de la cité. Plongées dans la folie, ces femmes délirantes sont les Bacchantes. Agavé assassinera même son propre fils, Penthée. Et Dionysos sera vengé. Comme il était d’usage à l’époque d’Euripide, un petit nombre d’acteurs jouent tous les rôles : Anne Alvaro, Ulrich N’Toyo et Jocelyn Lagarrigue. À côté d’eux, le chœur est formé de deux musiciens et d’une chanteuse : Sara Llorca. Dans une scénographie figurant un banquet, les acteurs mâchent, malaxent, foulent au pied des grappes de raisin… créant une matière visqueuse et gluante qui rappelle le sang du meurtre. Oscillant entre passé et présent, parlé et chanté, réalité et illusion, Les Bacchantes de Sara Llorca prennent aux tripes par l’intensité qui s’en dégage. Et amusé ou sidéré par la bestialité et la sauvagerie humaine dont ces Bacchantes font preuve au moment de l’orgie, on se demande qui sont les fous et qui sont les sages.
Sara Llorca, Cie du Hasard, « Objectif Euripide », au Théâtre de Montbéliard, mardi 29 janvier 2019 à 20h.
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