Grève prévue dans les écoles le lundi 12 novembre 2018

(photo d'illustration)

Le SNUipp, avec la FSU et l’ensemble des autres organisations syndicales de l’enseignement, appelle à se mettre en grève le lundi 12 novembre 2018. Suppressions de postes dans le second degré malgré une hausse du nombre d’élèves, dégradation inévitable des effectifs moyens par classe dans le premier degré pour cause de budget largement insuffisant pour accompagner l’abaissement à trois ans de l’âge de la scolarisation obligatoire et la poursuite du dédoublement des classes de CP et CE1 en REP et REP+. Mais aussi choix politiques à revoir : évaluations CP-CE1, guide de “bonnes pratiques”, révision des programmes et tout récemment projet de réforme de la formation initiale, en plus du temps de travail, des effectifs et des conditions salariales…

Guide des « bonnes pratiques », révision des programmes, mise en place de tests neuro-éclairés en CP et CE1, nouvelle loi… Décidément le Ministre ne ménage pas sa peine pour déposséder les enseignants de leur professionnalité sans répondre aux enjeux de lutte contre les inégalités scolaires. Ajouté à cela un budget en berne avec un nombre de postes insuffisants et vous avez tous les ingrédients de la colère qui monte et qui pourra s’exprimer par la grève et dans les manifestations le 12 novembre prochain à l’appel des fédérations syndicales de l’éducation.

« Il faut rompre avec ces vieilles habitudes qui consistent à défaire ce que les précédents ont mis en place » avait-il dit. Et pourtant le ministre installé depuis 18 mois rue de grenelle n’a eu de cesse de défaire à grand coup d’annonces médiatiques ce qui avait été mis en place et de mener seul son projet éducatif, étayé par aucun bilan ni par aucune recherche.

En 18 mois, l’école a le tournis

Après avoir installé au ministère un conseil (neuro) scientifique censé éclairer la politique ministérielle, le ministre des « non-réformes » a fait éditer un petit guide orange des « bonnes » pratiques en lecture, puis a publié des notes de services sur l’enseignement des fondamentaux avant de réviser les programmes des cycles 2, 3 et 4 qui venaient à peine de connaître leur deuxième année de mise en place. Pour y parvenir la plupart des membres du Conseil supérieur des programmes, pourtant indépendant, ont été conduits à la démission tant le dialogue avec le ministère était devenu impossible. La rentrée 2018 avec l’arrivée des nouvelles évaluations CP et CE1 est comme un point d’orgue de cette politique qui nie la professionnalité des professeurs des écoles en leur donnant des tests pré-mâchés à faire passer aux élèves sans même les inclure dans la correction et la compréhension des erreurs observées ni dans la construction de réponses pour y remédier. Les témoignages recueillis par le SNUipp-FSU sur les conditions de passation et de saisie sont édifiants.

Exécution

Ainsi, le ministère décline sa volonté de transformer les professeurs des écoles en simples exécutants de guides de bonnes pratiques ou de tests censés leur donner le chemin à suivre. C’est insupportable et remet en cause à la fois la professionnalité mais également l’engagement des personnels auprès de leurs élèves. Décidément il ne suffit pas d’afficher la devise d’une « école de la confiance » sur toutes les plaquettes ministérielles pour que celle-ci soit effective. C’est plutôt aujourd’hui par la défiance que les enseignants et les équipes se sentent pris en considération.
Un nouveau projet de loi
Et comme si cela ne suffisait pas, un nouveau projet de loi était présenté au CSE le 15 octobre dernier. Au-delà de l’obligation d’instruction à trois ans, qui va contraindre au passage les communes à accroitre leur financement de l’école privée, il contient tous les ingrédients d’une sérieuse reprise en main autoritaire puisqu’il institue l’expérimentation au rang de règle et supprime l’instance indépendante que constituait le conseil national de l’évaluation scolaire (CNESCO) qui faisait pourtant l’unanimité pour la rigueur et la qualité de ses travaux. Ainsi, le ministre pourtant féru d’évaluations, supprime-t-il l’instance indépendante qui permettait d’évaluer sa propre politique éducative. Ce même projet de loi introduit également la nomination par le ministère des directeurs des Espé et prépare une réforme de la formation initiale qui fera des étudiants des moyens d’enseignement à bas prix et ne permettra pas d’entamer la construction d’une professionnalité enseignante.

Un budget en berne

Ajouté à tout cela, un budget et des postes en nombre insuffisants, il y a de quoi donner les clés de compréhension de la colère des enseignants et des écoles qui s’exprimera par la grève et dans les manifestations le 12 novembre prochain. En effet l’affichage d’une pseudo priorité au primaire traduite par l’annonce d’une dotation de 2 325 postes dans le premier degré est surtout médiatique. La réalité est tout autre. Cette dotation est bien insuffisante pour couvrir les mesures de dédoublement des CP et CE1 en REP et REP+ ainsi que l’abaissement à trois ans de la scolarité obligatoire. Le SNUipp-FSU a chiffré à 4 000 le nombre de postes nécessaires pour terminer le dédoublement, auxquels il faut en ajouter 1000 (selon le ministère) pour assurer la scolarisation devenue obligatoire des trois ans. Trois chiffres qui rendent l’équation défavorable pour les cartes scolaires à venir au mois de janvier prochain. Les grands perdants des fermetures de postes risquent une fois de plus de se trouver dans les départements ruraux ou pour les équipes qui bénéficient encore de l’apport qualitatif du dispositif Plus de maître que de classes.

Un budget et une politique éducative qui ne répondent pas aux vraies questions posées à l’école aujourd’hui pour s’attaquer aux inégalités scolaires et permettre la démocratisation de la réussite de tous. Un projet de loi qui n’y répond pas davantage. Des conditions d’enseignement et d’apprentissage qui se dégradent. Les raisons de se mobiliser le 12 novembre prochain ne manquent pas.

(texte SNUipp-FSU du Doubs)