Les suites de la grève aux Urgences de l’Hôpital Nord-Franche-Comté

(photo ToutMontbeliard.com)

Une grève du personnel de l’Hôpital Nord-Franche-Comté de Trévenans a eu lieu le jeudi 29 mars 2018 concernant principalement le service des Urgences.

« Il n’est pas possible aux agents de s’absenter du service pour manger »

Le syndicat CNI explique :

« L’évaluation du Service Accueil aux Urgences était à l’ordre du jour du CHSCT de ce 29 mars 2018. La situation est critique, l’augmentation du flux de patients aux urgences est en augmentation depuis plusieurs mois, les difficultés pour trouver des lits d’hospitalisation se majorent, générant des temps de présence des patients au SAU régulièrement supérieurs à 24h et des organisations de travail en mode dégradé (notamment recours à des personnels d’autres services pour gérer les soins). Les organisations de travail et les effectifs affectés aux urgences ne permettent plus une prise en charge efficiente et sécuritaire des patients : les brancards s’accumulent dans les couloirs, les soins d’hygiène et de confort sont dispensés dans des conditions indécentes, plusieurs services de soins subissent une désorganisation, les difficultés pour dispenser les soins et traitements aux patients sont nombreuses.

Lors de la présentation du projet d’organisation du SAU aux instances de janvier 2016 nous avions émis un avis défavorable, la direction a maintenu son projet avec peu d’évolutions favorables et aujourd’hui elle propose de diminuer l’effectif infirmier à partir de minuit alors que nous sommes bien en dessous des effectifs infirmiers et aides soignants recommandés. Les temps de repas ne sont pas inclus dans le temps de travail pourtant au vu de la charge de travail il n’est pas possible aux agents de s’absenter du service pour manger. Il est question de créer un nouvel horaire de 12h-0h lorsque l’organisation actuelle en prévoit déjà 5 incluant une alternance jour/nuit !

Le personnel des urgences a manifesté ce 29 mars 2018 pour réclamer des conditions de travail permettant de sécuriser leur exercice et les prises en charge. Nous avons alerté à de multiples reprises la direction sur la situation. Les membres désignés par le syndicat CNI pour siéger au CHSCT soutiennent les personnels des urgences et des services de I’HNFC impactés par ces problématiques et exigent que des mesures soient prises et mises en place sans délai« .

Un des plus gros services d’urgences de l’Est de la France

La Direction de l’Hôpital Nord-Franche-Comté a répondu à cette grève et à ces remarques :

« Suite aux déclarations des grévistes, la Direction réunira prochainement les représentants des urgences et des organisations syndicales. La CGT appelait le service des urgences de l’HNFC à faire grève ce 29 mars 2018. Le CHSCT, prévu ce jour, a écouté les manifestants lors de la séance. Des déclarations des manifestants et des différentes organisations syndicales ont été réalisées devant la Direction. M. Roche a convenu que le niveau d’activité a été particulièrement soutenu ces dernières semaines et a accepté l’organisation d’une réunion très prochainement avec les représentants des urgences et des organisations syndicales.

L’Hôpital Nord Franche-Comté a connu, entre début janvier 2018 et fin mars 2018, un afflux de patients. Cette situation de très grande activité s’est traduite par l’accueil d’environ 250 patients (et jusqu’à 300 patients) au service des urgences de Trévenans, ce qui en fait l’un des plus gros services d’urgences de l’Est de la France. Le service des urgences est organisé selon 3 circuits afin d’optimiser les prises en charge selon leur typologie : le circuit court (petits traumatismes), le circuit long (éventuelle hospitalisation) et les urgences vitales. Il comprend 7 médecins, 11 infirmières et 4 aides-soignantes en journée. La nuit, les personnels sont au nombre de 5,5 médecins, 10 infirmières et 2 aides-soignantes. L’ensemble du service est encadré par 7 cadres, dont deux sont présents la journée et un la nuit. En cas de forte affluence, des moyens supplémentaires sont déployés en journée, en particulier des aides-soignantes en charge des patients sur le plan de l’hygiène, du confort et des repas.

Au-delà du service des urgences, ce sont tous les services de l’Hôpital qui ont contribué à la prise en charge de l’afflux de patients. Parmi les 250 patients qui arrivaient quotidiennement aux urgences ces dernières semaines, 50 à 60 patients par jour nécessitaient une hospitalisation. Cela suppose que chaque jour autant de lits soient libérés. Toutes les équipes médicales et soignantes ont œuvré d’arrache-pied pour soigner au mieux et au plus vite ces patients. Cette pression sur les lits s’accentue compte tenu de la difficulté de trouver une place en soins de suite et réadaptation (SSR) ou en EHPAD pour des patients âgés.
La prise en charge d’un afflux de patients demande à ce que toute la chaîne de prise en charge fonctionne à l’Hôpital comme en ville.

La solution, à moyen terme, à cet afflux de patients passe beaucoup plus par une amélioration de l’organisation interne de l’établissement que par un accroissement d’effectifs. Pour y parvenir, l’HNFC a, d’ores et déjà, entrepris plusieurs chantiers pour anticiper l’afflux de personnes aux urgences et fluidifier leur prise en charge l’hiver prochain. Tout d’abord, des services vont être redimensionnés : la capacité du service de médecine polyvalente sera accrue de 12 lits, permettant d’accueillir des patients polypathologiques, le plus souvent âgés. Par ailleurs, cette année, sera aménagé un salon de sortie où les patients seront installés, dans l’attente d’une ambulance, avant leur retour à domicile. Cela permettra de libérer plus rapidement le lit du patient et, ainsi, d’installer, tout de suite, un patient en attente aux urgences. Ensuite, l’Hôpital va acquérir un logiciel informatique permettant de gérer les admissions programmées de malades et les admissions non programmées via les urgences. Cette vision d’ensemble permettra de placer le malade dans le bon service au bon moment. Enfin, l’HNFC souhaite poursuivre la coopération avec tous les autres établissements de l’Aire urbaine pour faciliter à la fois le placement des patients dans ces structures mais aussi éviter que des personnes fragiles soient envoyées inutilement aux urgences.

La Direction met tout en œuvre pour améliorer les prises en charge en prévision de l’hiver prochain et réitère ses remerciements aux médecins, aux cadres et à toutes les équipes soignantes pour leur implication, ces dernières semaines« .