Nicolas Pacquot (Etouvans) : « Pays de Montbéliard Agglomération, j’aimerais vous dire que tout est génial »

Le benjamin des maires du nouveau Pays de Montbéliard Agglomération a présenté ses vœux à la population d’Etouvans, venue nombreuse pour l’occasion, devant un parterre d’élus largement représentés. Nicolas Pacquot est revenu sur les réalisations de l’année écoulée et les projets pour la commune en 2018, sujets qu’il avait par ailleurs largement développés lors d’une réunion publique tenue avec son conseil municipal à destination des habitants fin novembre dernier.

L’édile a ensuite livré un premier bilan de la fusion au 1er janvier 2017 de sa commune, comme 43 autres, dans un nouvel EPCI, Pays de Montbéliard Agglomération.

« J’aimerais vous dire que tout est génial« 

« Vous le savez tous maintenant, nous faisons partie d’une Communauté d’Agglomération, qui s’étend sur 450 km², qui compte un peu plus de 140.000 habitants, répartis dans 72 communes« .

Au rang des points positifs, le Maire a relevé que le nouvel exécutif s’est investi dès les premières semaines dans un plan numérique ambitieux pour garantir aux 43 nouvelles communes un débit internet garanti de 8 Mo/sec, d’ici la fin d’année 2018. La crèche de Colombier Fontaine a également été pérennisée. Cependant, Nicolas Pacquot a développé son propos sur des doutes, ses craintes et ses interrogations :

« J’aimerais vous dire ici que tout est génial, d’autant qu’en ces temps de tromperie universelle, dire la vérité est devenu un acte révolutionnaire. J’aimerais vous dire aussi qu’on se sent vraiment intégré à cette nouvelle agglomération, mais, malgré une volonté affichée, le constat en ce début d’année 2018 apparaît pour une partie des élus des nouvelles communes plus mitigé. Outre l’augmentation d’imposition subie en 2017, j’ai parfois le sentiment qu’on nivèle par le bas. Notre ancienne communauté de communes est arrivée avec des dépenses, mais surtout des recettes. Des recettes largement supérieures aux dépenses. Cependant, dès lors qu’un point est en déficit, on constate amèrement que nos administrés doivent passer à la caisse.

Tout d’abord les ordures ménagères. Pour un déficit prévisionnel de 30 000 € sur notre ancienne CC3C, sur un budget global PMA qui avoisine les 200 millions d’Euros tout de même, on nous explique qu’à compter de mars ou avril 2018, les ordures ménagères ne seront levées qu’une semaine sur deux à Etouvans et sur les communes de l’ex CC3C. Alors que Feu « PMA 29 » n’équilibrera toujours pas son budget Ordures Ménagères en 2018. Nous sommes les seuls à avoir mis en place la redevance incitative. Nous sommes les seuls à avoir demandé tant d’efforts depuis 2 ans à nos administrés, qui ont joué le jeu, avec une réduction de plus de 40% des volumes collectés. Malgré ce constat, nous serons les seuls à nous voir imposer en 2018 une réduction de la fréquence des collectes. Cherchez l’erreur !

La même logique a été adoptée à l’élaboration du budget sur la taxe d’assainissement, avec la mise en place d’une part fixe de 9 €.

Je pourrais aussi évoquer le cas du Relais Assistantes Maternelles qui était jusqu’alors une compétence de la CC3C. Nous, communes, avons récupéré cette compétence au 1er janvier. Certains me rétorqueront que le coût est à la marge et qu’il sera compensé par une attribution de compensation. Mais l’année prochaine, quid du balayage des rues et de l’élagage ? Quant aux attributions de compensation… On regarde au 31 décembre 2017 ce que coûte le service et dans 5, 10, 20, 30 ans, nous toucherons toujours la même somme. A l’euro près.

Du côté des transports collectifs, l’exécutif de PMA s’est engagé à mettre en place un transport à la demande d’ici la fin d’année à un tarif plus compétitif. Même si les contours sont à peine dessinés à travers une option qui avait été chiffrée lors de la nouvelle Délégation de Service Public avec Moventis, il ne faudra pas s’attendre à des miracles. 800 000€ pour cette option sur un contrat qui représente 100 millions d’Euros pour les 29 communes de l’ex-PMA, … 0,8% pour 43 communes, 99,2% pour les 29 autres… On n’y est pas encore à notre grande agglomération…

Force est de constater que les 43 nouvelles communes ne sont pas les seules à se sentir lésées. Il en est de même pour certaines des 29 communes de PMA historique sur d’autres sujets ! Voilà ce que ça donne les mariages arrangés… pour ne pas dire forcés… avec Mme Loi Nôtre dans le rôle d’entremetteuse.

Le retour des groupes politiques ?

Outre ces difficultés de fond, des voix se sont élevées dans l’hémicycle en fin d’année pour contester la méthode. Nous sommes 112 conseillers communautaires, imaginez un peu… 112 à décider sur des dizaines de sujets, pour certains d’entre eux nous n’y connaissons rien… ou pas grand-chose. Sujets qui sont débattus dans des réunions de bureau ou des conseils communautaires interminables. Plus de huit heures pour le Conseil de décembre 2017. Alors on nous dit « il faut faire confiance », ce à quoi j’ai envie de répondre « A quoi bon nous demander de voter alors ? ». Et quand on connaît un peu plus le sujet et qu’on formule une analyse différente, la réponse est toujours la même « vous ne respectez pas le travail de la commission ou des services ». La seule réponse apportée à la grogne grandissante en fin d’année est de reconstituer des groupes politiques. Vous savez ces groupes dont la grande majorité des élus ne voulait plus entendre parler à la constitution de la nouvelle assemblée. Motif invoqué à ce revirement de situation: les groupes seraient des espaces de pédagogie, de débat et d’information. Etonnant non ? Le lieu de débat ne serait plus la salle de Conseil communautaire ? L’information n’est-elle pas un droit pour chaque conseiller communautaire, par le biais de recettes ancestrales comme la diffusion de comptes-rendus de commission ou des séances informelles à destination de l’ensemble des élus sur les gros sujets ?

A priori nous n’aurons pas le choix. Demain il n’y aura plus 112 conseillers communautaires avec autant de sensibilités, de valeurs et d’expériences variées. Il y aura deux, trois ou peut-être même quatre groupes, des blocs qui arriveront en séance avec une consigne de vote, le doigt sur la couture du pantalon, hermétiques à tous les meilleurs arguments qui pourraient être développés dans l’hémicycle…

Un nouveau chapitre s’est écrit en 2017 au niveau national. Les français ne veulent plus de ces vieilles façons de faire de la politique.

J’espère sincèrement me tromper et vous livrer une toute autre analyse lors des prochains vœux, mais malheureusement je crains qu’à l’approche des échéances électorales de 2020, les esprits ne fassent que s’échauffer« .