Martial Bourquin : « les salariés PSA cobayes de la rupture conventionnelle collective »

Martial Bourquin, Sénateur du Doubs (photo Facebook Martial Bourquin)

Martial Bourquin, Sénateur du Doubs, s’exprime concernant le projet de rupture conventionnelle collective de PSA :

« Pour justifier et faire passer les Ordonnances travail, on nous rabâchait que ce texte était pensé essentiellement pour les PME/TPE. Il est significatif de constater que ce sont les grands groupes qui, les premiers, profitent de la brèche ouverte dans le Code du Travail pour bénéficier de ce nouveau dispositif qui n’est autre qu’un PSE allégé : moins d’obligations sociales pour des entreprises, même celles qui enregistrent des bénéfices spectaculaires. Ce nouveau dispositif va clairement intervenir dans la gestion des emplois et des formations des grandes entreprises. Avec les nouvelles Ordonnances, même s’il faut un accord majoritaire des syndicats pour mettre en place ce dispositif, il sera impossible ensuite de le contester autant pour les salariés que pour les syndicats qui ne l’ont pas signé.

Aucune obligation de reclassement, ni d’action de formation ou de maintien à l’emploi ; un chèque suffira, même si celui-ci peut être intéressant, il fondra comme neige au soleil si le retour à l’emploi n’a pas lieu. De plus, ce qui est à redouter c’est une discrimination par l’âge. Ainsi, il est à craindre que ce dispositif cible les seniors et les salariés ayant le plus d’ancienneté parce qu’ils coûtent plus cher à l’entreprise pour les remplacer par des personnes en début de carrière. Quant à l’idée d’aider les salariés ayant eu des conditions de travail difficiles tout au long de leur carrière, rappelons que le compte pénibilité qui permettait justement à ces salariés de partir plus tôt en retraite avec l’ensemble de leurs droits a été largement amputé par ces mêmes Ordonnances.

Concernant PSA , les salariés avec des conditions de travail difficiles arrivant à l’âge de la retraite, outre l’application du compte pénibilité, auraient pu bénéficier d’un plan de congé senior plus large et généreux proportionnellement aux résultats du groupe. Est-il nécessaire de rappeler le cri d’alarme des associations caritatives qui voient le nombre de personnes pauvres et notamment le nombre de retraités pauvres augmenter. Ces salariés qui ont contribué aux succès passés et actuels du groupe durant toute leur vie au prix de leur santé parfois ne méritent-elles pas de bénéficier des bons résultats au même titre que les actionnaires ? Ainsi, ce qui est à regretter est que ce dispositif favorise les départs et non le maintien dans l’emploi y compris quand les entreprises vont bien. Les grandes groupes voient ici la possibilité de se décharger progressivement de leurs obligations sociales, de formation et de reclassement.

Par ailleurs, le nombre d’intérimaires reste scandaleusement trop élevé. Les embauches en CDI sont totalement insatisfaisantes pour faire face à la production qui atteint des niveaux historiques. J’ai voté contre les Ordonnances Travail, tout comme j’avais voté contre la loi El Khomri. Je ne regrette absolument pas ces deux votes et je serai toujours présent pour défendre le monde du travail. Je ne suis pas élu pour représenter les premiers de cordée mais bien l’intérêt général et le plus grand nombre« .